Chronique ornithologique
Points de vue et actualité ornithologique par le biologiste Lionel Maumary.Deux Pouillots de Hume au Tessin !
Décidément, ce mois de décembre 2015 réserve bien des surprises : après le Traquet du désert, les Fuligules à bec cerclé, le Fuligule à tête noire et le Plongeon du Pacifique, voici qu'une nouvelle espèce vient s'ajouter sur la liste suisse juste avant la fin de l'année. Le 27 décembre 2015, Gianni Marcolli et Luca Pagano observent 2 Pouillots de Hume Phylloscopus humei dans la réserve des Bolle di Magadino au bord du lac Majeur (Tessin), une première pour notre pays, bien que l'espèce soit apparue une fois au bord du lac de Constance. Auparavant considéré comme une sous-espèce du Pouillot à grands sourcils, le Pouillot de Hume remplace ce dernier dans les montagnes d'Asie centrale. Sa plus grande rareté que le Pouillot à grands sourcils en Europe résulte sans doute de son aire de répartition plus méridionale ainsi que de sa migration plus courte. Le Pouillot de Hume niche en Asie centrale des monts Tien Shan à l'Altaï, au sud jusque dans le nord-ouest de l'Himalaya. Les quartiers d'hiver se situent de l'est de l'Inde au Vietnam et au Sri Lanka.
Pouillot de Hume adulte nicheur dans les Monts Tian Shan, Kirghizistan, juin 2015. L. Maumary.
Sur les côtes européennes, la plupart des oiseaux sont observés entre mi-octobre et mi-novembre, soit un mois plus tard que le Pouillot à grands sourcils ; les cas d'hivernage, comme ceux du lac de Constance, sont plus fréquents que chez cette dernière espèce en Europe. L'observation du lac de Constance, du 14 décembre 2002 au 20 janvier 2003 à Immenstaad D, est parmi les premières en Europe centrale, les précédentes datant de 1958 aux Pays-Bas et de 1959 en Autriche. En France l'espèce a été identifiée pour la première fois en 1988 ; l'espèce a également été observée en Italie. La méconnaissance des critères d'identification de cette espèce est sans doute responsable de l'absence de données anciennes.
Le Pouillot de Hume niche dans les montagnes d'Asie centrale. En automne, il fait escale dans les buissons et les bois de feuillus en plaine, souvent dans à proximité de l'eau. Diurne et solitaire, il se nourrit principalement d'insectes et d'araignées prélevés dans les buissons et jusque dans la couronne des arbres. Très vif, il se déplace rapidement dans le feuillage en agitant les ailes ; il descend parfois dans les broussailles jusqu'à terre. Le cri est un « tsi-vu » bisyllabique descendant semblable à celui de la Bergeronnette grise ; le chant est un « zsssssssc » bourdonnant rappelant le cri de la Grive mauvis.