Chronique ornithologique

Lionel Maumary Points de vue et actualité ornithologique par le biologiste Lionel Maumary.

Bécasseau de Bonaparte

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 28.10.2013

Le 27 octobre 2013, un Bécasseau de Bonaparte (Calidris fuscicollis) a été repéré au Chablais de Cudrefin VD dans un groupe de 6 Bécasseaux variables (Calidris alpina) par un groupe de jeunes ornithologues zurichois. Il s'agit de la 5e donnée suisse de ce Bécasseau originaire de la toundra canadienne et hivernant en Argentine.

Le Bécasseau de Bonaparte niche de la Terre de Baffin à travers les territoires du Nord-Ouest canadien jusqu’à l’est de l’Alaska. La population globale est estimée à 50’000-100'000 individus. L’ensemble de la population hiverne en Argentine, atteignant la Terre de feu et les îles Falklands. En Suisse et régions limitrophes, l’espèce est apparue 3 fois au bord du lac de Neuchâtel, 1 fois à Klingnau AG et 4 fois sur les rives du lac de Constance. Dans les pays limitrophes, on connaît 7 données en Allemagne jusqu’en 1995 et 15 observations en France jusqu’en 1998.

Sept des 10 cas connus en Suisse et sur les rives limitrophes du lac de Constance sont du mois d’octobre, les deux autres données en migration postnuptiale étant d’août et de novembre. En Grande-Bretagne, la majorité des 322 observations signalées jusqu’en 1991 ont eu lieu de juillet à octobre. L’oiseau d’Yverdon VD a été observé en compagnie d’un Bécasseau tacheté : l’apparition simultanée de deux limicoles néarctiques est unique en Suisse. La donnée du 24 au 28 mai au Fanel BE est la seule donnée printanière alors que 5 des 7 données allemandes sont de la seconde moitié du mois de mai ; il s’agissait probablement d’un oiseau s’étant égaré au cours de l’automne précédent et ayant hiverné en Afrique.

Le Bécasseau de Bonaparte niche dans la toundra marécageuse de l’Arctique canadien. En migration et en hivernage, il recherche les vasières côtières, les rivages de lacs, d’étangs et de rivières, les marais ou champs inondés. En Suisse, il a été observé sur les bancs de sable du Chablais de Cudrefin VD, des vasières à Yverdon VD, à la retenue de Klingnau AG et au Fanel NE, dans ce dernier lieu aussi sur un îlot de gravier. Diurne, il se nourrit d’invertébrés enfouis dans la vase, qu’il capture généralement par sondage au bord de l’eau. L’espèce est grégaire et se mêle volontiers aux autres bécasseaux. Le cri est un « tziiiht » au timbre électrique très caractéristique, comparable à celui d’un pipit.

Liste des observations :
12 octobre 1860 : Zurich, spécimen conservé dans les Naturwissenschaftlischen Sammlungen de St-Gall (Fatio 1904)
24 octobre 1964 : juv. Yverdon VD (Baula 1964)
24-28 mai 1971 : Fanel BE (Roux 1971)
1er novembre 1981 : retenue de Klingnau AG (A. Haase)
6 août 2002 : 1 ad. Chablais de Cudrefin VD/Fanel NE (J. Fischer et al.)
27 octobre 2013 : 1 ad. Chablais de Cudrefin VD/Fanel NE (M. Sauter et al.)

Rives limitrophes du lac de Constance :
11 octobre 1959 : 1 ind. delta du Rhin (Willi & Suter 1960)
14 octobre 1984 : 1 juv. Eriskircher Ried (M. Hemprich)
18-22 octobre 1986: 1 ind. Au delta du Rhin (P. Willi, V. Blum, B. Porer et al.)
18 octobre 1987: 1 ind. Au delta du Rhin (B. Porer)