La migration des limicoles a commencé sur l’île aux oiseaux de Préverenges Située au coude nord du Léman, la baie de Préverenges fonctionne comme un butoir pour les oiseaux migrateurs arrivant du lac au printemps, revenus d’Afrique et en route pour leurs lointains quartiers d’été dans la toundra arctique. Une « île aux oiseaux » y a été créée en 2001/02, sous l’impulsion du Cercle ornithologique de Lausanne (COL). Plus de 230 espèces - des plus communes aux plus rares - dont 60 de limicoles et laridés, y ont été identifiées à ce jour, ce qui en fait un des hauts lieux de l’ornithologie helvétique. Les hauts-fonds exondés au printemps près de l’embouchure de la Venoge attirent un grand nombre de petits échassiers (limicoles), mouettes, goélands et sternes (laridés), tentés de faire escale pour se reposer et se nourrir avant de continuer leur voyage long de plusieurs milliers de kilomètres. Les longues pattes et le bec effilé des limicoles sont une adaptation exclusive aux vasières peu profondes qu’ils doivent impérativement trouver sur leur chemin afin de reconstituer leurs réserves d’énergie. Malheureusement, les rivages naturels ont pratiquement disparu avec l’urbanisation croissante. Les grèves de Préverenges ne sont exondées qu’une partie du printemps et n’offrent aucune possibilité d’escale pendant la migration d’automne. De plus, les dérangements fréquents dus notamment aux chiens non tenus en laisse perturbent sans cesse les oiseaux. Face à cette situation, le Cercle ornithologique de Lausanne (COL), en collaboration avec Pro Natura Vaud et le Groupe ornithologique et des sciences naturelles de Morges et environs (GOS), a élaboré un projet d’île aux oiseaux à l’embouchure de la Venoge. Après 15 ans d’études et de démarches administratives, menées dès 1986, cette île a enfin pu être créée en 2001/02. Elle est située à une centaine de mètres de la rive, composée d’un enrochement en forme d’arc abritant un banc de sable et de gravier. Etant exondée en toute saison, elle offre une capacité d’accueil optimale pour les migrateurs. Un îlot est dévolu à la nidification de la Sterne pierregarin. Cette île constitue un attrait pour les promeneurs qui peuvent observer à loisir ces voyageurs fascinants, surtout au printemps. Des panneaux d’information pour le public ont été mis en place sur le rivage en 1996, permettant l’identification des nombreuses espèces présentes au printemps et en hiver. A peine terminée, l’île aux oiseaux de Préverenges s’est offert un palmarès impressionnant : d’avril à juin 2002, 27 espèces de limicoles et 14 de laridés s’y sont posées, soit pratiquement toutes les espèces observées en 17 ans d’étude sur le site, totalisant plus de 1'500 données. L’évolution du nombre de limicoles recensés de 1984 à 2008 montre clairement l’influence de l’île, qui a permis l’escale d’un nombre de limicoles encore plus grand que lors des meilleures années bissextiles de 1984 et 1996 (figure 1). Le nombre moyen annuel (de janvier à juin) de limicoles se posant à Préverenges est 5 fois plus élevé depuis la création de l’île : il est passé de 344 pour la période 1984-2001 (avant la création de l’île) à 1'627 pour la période 2002-2008 (après la création de l’île). Si on ne tient compte que des années bissextiles, la moyenne a plus que doublé : elle est passée de 705 (1984, 1988, 1992, 1996 et 2000) à 1'844 (2004 et 2008). La fréquentation record est également due à des séjours prolongés, qui étaient auparavant souvent interrompus par les chiens : les oiseaux continuent à se nourrir sur le rivage mais passent la nuit sur l’île et s’y réfugient lors de dérangements. L’île fonctionne donc non seulement comme site d’escale pour le repos des migrateurs mais également comme gagnage et comme refuge. L’hivernage des Courlis cendrés, phénomène nouveau, participe à cette augmentation. Un très grand nombre d’espèces record a également été enregistré, avec des totaux records. A peine achevée, l’île a suscité l’intérêt des oiseaux, qui ont trouvé un havre de paix leur offrant sécurité et nourriture, indispensable au bon déroulement de leur migration. Fig. 1. Evolution de la fréquence des limicoles au printemps à Préverenges. Les colonnes représentent le nombre d’individus/jour (n) et les points le niveau minimal des eaux du Léman. Cette île constitue un attrait pour les promeneurs qui peuvent observer à loisir ces voyageurs fascinants, surtout au printemps. Des panneaux d’information pour le public ont été mis en place sur le rivage en 1996, permettant l’identification des nombreuses espèces présentes au printemps et en hiver. Une galerie de Dinah Saluz sur www.natures.ch montre la diversité exceptionnelle de l’avifaune migratrice sur les rives de Préverenges, aux portes de la ville de Lausanne. |
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