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La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Afflux de Rousserolles des buissons en Suisse

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 06.07.2024

Le chant extraordinaire de la Rousserolle des buissons résonne désormais dans les nuits d’été helvétiques. Contre toute attente, cette rousserolle de Russie, du lac Baïkal au sud de la Finlande, où elle atteint la limite occidentale de son aire de nidification, est devenue presque régulière dans notre pays au cours des 5 dernières années, alors qu’elle n’avait été observée qu’à trois reprises auparavant. Mais l’année 2024 bat tous les records avec 4 apparitions, soit près de la moitié des données helvétiques depuis la première en 1992. Il s’agit toujours de mâles chanteurs découverts entre le 24 mai et le 4 juillet. En France voisine, une Rousserolle des buissons a aussi chanté du 11 au 20 juin 2022 à Sainte-Colombe (Doubs, D. Michelat et al.). Hivernant principalement en Inde, elle effectue un trajet de plus de 7'000 km pour rejoindre ses sites de nidification européens, d’où son arrivée très tardive. Avec le Pouillot boréal, C’est un des derniers passereaux à rejoindre son site de nidification, surclassé uniquement par le Pouillot boréal qui effectue un trajet encore plus long entre la Norvège et les Philippines.


illustration

Rousserolle des buissons mâle chanteur, Müntschemier BE, 28 mai 2024. L. Maumary.

La Rousserolle des buissons niche de la côte est de la mer Baltique à travers la Russie jusqu'au lac Baïkal, au sud jusqu'au pied du Kopet Dag (Iran/Turkménistan) et du Tian shan en Asie centrale. Avec plus de 5'000-8'000 couples, la Finlande héberge la moitié de la population européenne. Les quartiers d'hiver se situent dans le subcontinent Indien, du Pakistan à la Birmanie et au Sri Lanka. En Europe occidentale, cette espèce nichant surtout en Russie apparaît généralement en octobre-novembre sur les côtes de la Mer du Nord et de l'Atlantique.
 
La grande majorité des observations de Rousserolles des buissons à l'ouest de l'aire de nidification concernent des mâles chanteurs en juin/juillet ainsi que des migrateurs en septembre/octobre. En Finlande, les départs s'échelonnent entre mi-juillet et fin août. Au printemps, les nicheurs reviennent entre mi-mai et mi-juin. La donnée du 10 juin 1992 au Brunnersberg/ Matzendorf SO a fait suite à un courant d'est ayant soufflé un jour durant.
 
Dès le début du XXe siècle, la Rousserolle des buissons a commencé à étendre son aire de nidification vers l'ouest depuis la Russie, colonisant le sud et le centre de la Finlande entre la première donnée de 1934 et 1960 (première nidification en 1947). En Suède, l'espèce a été signalée pour la première fois le 15 juin 1958, puis environ 11 fois entre 1959 et 1968 et chaque année depuis 1969. La première nidification a été découverte en 1984, l'effectif actuel étant de 5-15 couples. Dès les années 60, la Rousserolle des buissons a colonisé l'Estonie (2'000-3'000 mâles chanteurs au milieu des années 90) et la Lettonie (2'000-4'000 chanteurs), mais le nombre de mâles non appariés est élevé. En Finlande, 30-40 % des mâles étaient non appariés en 1978-85. Les premières nidifications ont été enregistrées dans l'enclave russe de Kaliningrad en 1976, en Lituanie en 1983 et en Norvège en 1995. En 1998, un mâle de Rousserolle des buissons s'est reproduit avec succès avec une femelle de Rousserolle verderolle dans la province d'Utrecht (Pays-Bas).
 
La Rousserolle des buissons habite une grande variété de milieux buissonneux comme de jeunes plantations forestières, clairières, steppes, marécages et parcs boisés ou berges de cours d'eau. Elle apprécie l'herbe drue mais évite les roselières. Solitaire et essentiellement diurne, elle se nourrit surtout d'insectes, mais aussi d'araignées et de petits gastéropodes prélevés dans les buissons et les herbes. Les cris les plus fréquents sont un «chrrr» roulé ou «tek» doux. Comparé à celui de la Verderolle, le chant est plus lent et répétitif, contenant un motif sifflé typique «si-hi-hue», régulièrement rythmé par des claquements bas «tk-tk». L'activité de chant est maximale du crépuscule à l'aube. L'espèce ne paraît actuellement
pas menacée.

Données suisses :
1.      10 juin 1992, Brunnersberg/Matzendorf SO, mâle chanteur, enr. (J. Denkinger)
2.      12 juin 2019, Kaltbrunner Riet/Uznach SG, mâle chanteur, enr. (A. Huber et al.)
3.      28-29 juin 2020, Uznach SG, mâle chanteur, enr. (R. Blaser)
4.      1er juin 2023, Selzach SO, mâle chanteur, enr. (W. Christen)
5.      17 juin 2023, Weissenau/Alte Aare/Unterseen BE mâle chanteur (M. Zahnd, M. Wettstein)
6.      24 mai 2024, Bargen SH, mâle chanteur, enr. (S. Werner)
7.      28 mai 2024 Müntschemier BE, mâle chanteur, enr. (P. Christe et al.)
8.      8-19 juin 2024, St-Antonino TI, mâle chanteur, enr. (L. Gugelmann)
9.      4-5 juillet 2024, Erlenhof/Ins BE, mâle chanteur, enr. (J. Mazenauer et al.)
 



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