1 Pas moins de 11 Vautours fauves peuvent être comptés sur cette photo prise le 9 juin 2014 au col du Jaun FR par Terry Guillaume. 2 Vautour fauve photographié le 21 juillet 2013 au col du Jaun FR par Thomas Nierle. Au XXe siècle, le Vautour fauve n’est apparu qu’une à trois fois par décennie jusqu’à la fin des années huitante, puis une augmentation spectaculaire s’est amorcée dès les années nonante, liée aux réintroductions en cours dans le sud de la France et, dans une moindre mesure, en Autriche. La protection des sites de reproduction pyrénéens, l’interdiction de l’usage de la st1 Pas moins de 11 Vautours fauves peuvent être comptés sur cette photo prise le 9 juin 2014 au col du Jaun FR par Terry Guillaume. 2 Vautour fauve photographié le 21 juillet 2013 au col du Jaun FR par Thomas Nierle. Au XXe siècle, le Vautour fauve n'est apparu qu'une à trois fois par décennie jusqu'à la fin des années huitante, puis une augmentation spectaculaire s'est amorcée dès les années nonante, liée aux réintroductions en cours dans le sud de la France et, dans une moindre mesure, en Autriche. La protection des sites de reproduction pyrénéens, l'interdiction de l'usage de la strychnine et la réintroduction, dès 1981, de l'espèce dans le Massif Central, sont à l'origine du redressement de la population française et de la recolonisation des sites abandonnés. L'espèce est aujourd'hui devenue régulière, probablement en provenance des colonies cévenoles, parvenant même jusque sur la côte de la mer du Nord : 18 individus (dont un portant une bague espagnole) ont été observés en juillet 2001 aux Pays-Bas. La preuve d'une provenance sauvage de certains oiseaux traversant la Suisse a été apportée le 3 juin 2006 à Neuenkirch SH, lorsqu'un individu bagué le 15 août 2004 à Vélez Rubio (Almeria, Espagne) a été recueilli mourant. Les données hivernales en Valais sont exceptionnelles, les premières ayant été rapportées en 1997/98 et en 2000/01. Depuis 1996, l'espèce est vue chaque printemps à Hucel F. Partisan de la loi du moindre effort, le Vautour fauve est condamné au sort peu enviable de fossoyeur. C'est pour mieux pénétrer les entrailles que sa tête et son long cou ne sont recouverts que d'un duvet ras, la collerette de longues plumes blanchâtres empêchant le reste du corps de se salir. Dégingandé et grotesque au sol, c'est dans le ciel qu'il prend sa revanche, se métamorphosant en admirable machine volante évoluant sans effort au gré des ascendances thermiques. Champion du vol à voile, ses rares mouvements d'aile sont restreints à quelques poussées vers le bas. Sa taille immense et son plumage fauve le rendent impossible à confondre en bonne lumière. Sa silhouette est également caractéristique, la courte queue accentuant encore la largeur des ailes, tenues légèrement relevées avec les rémiges primaires saillantes. Les immatures sont reconnaissables au contraste plus marqué entre les couvertures sous-alaires pâles uniformes et les rémiges sombres, ainsi que par leur collerette plus sombre que chez l'adulte. Le Vautour fauve habite sporadiquement les massifs montagneux du sud de l'Europe, de l'Afrique du Nord et de la péninsule Arabique, et de manière plus continue ceux de la Turquie à l'Asie centrale, une autre sous-espèce nichant dans l'Himalaya. Avec plus de 8'000 couples, l'Espagne héberge 80% de la population européenne. En France, l'espèce a disparu des Alpes et des Alpilles au XIXe siècle ainsi que du Massif Central (Grands Causses) vers 1945, année de la dernière nidification. Dès 1981, le Vautour fauve a été réintroduit en Lozère dans les gorges de la Jonte (première nidification en 1982) et en Aveyron dans celles du Tarn (première nidification en 1884), où en tout 250 individus dont 75 couples nicheurs ont été recensés en 1999. En Suisse, on connaît 11 données du XIXe siècle entre 1812 et 1885 dans les cantons des Grisons (1), St-Gall (1), Uri (2), Lucerne (1), Berne (2), Fribourg (1), Vaud (1) et Valais (1) (Studer & Fatio 1889). Au XXe siècle, il existe 12 données jusqu'en 1980 (Grisons 3, Valais 2, Berne 2, Lucerne 1, Uri 1, Schwyz 1, St-Gall 1, Tessin 1) (Masarey 1934, Winkler 1999) qui concernent la population originelle, alors que les données ultérieures (Vaud 5, Berne 2, Tessin 1, Thurgovie 1, St-Gall 1) sont probablement toutes d'oiseaux réintroduits en France dans le Massif Central (Cévennes, Hérault) et dans les Alpes de Provence (sud du Vercors, Drôme provençale et gorges du Verdon) et en Autriche dans les Hohe Tauern. Un spécimen de 1912 collecté en Basse-Engadine GR est conservé au Bündner Naturmuseum de Coire GR, un de 1933 dans le canton de St-Gall au collège Kleinfeld à Mels SG, un de 1938 en Valais au Musée de zoologie de Lausanne, un de 1940 ou 1944 dans le canton d'Uri au Kunsthaus de Glaris, un de 1966 au Tessin dans la collection F. Camozzi, Bogno TI. Les Vautours fauves adultes sont essentiellement sédentaires, mais la quête de nourriture peut les amener à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres autour de leur site de reproduction. Les oiseaux observés en Suisse, principalement en mai et juin, sont probablement pour la plupart des immatures à la recherche d'un site de reproduction, qui sont capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres. Ainsi les observations dans un rayon de 200 km depuis les Grands Causses sont relativement fréquentes ; il existe même des échanges entre les colonies espagnoles ou portugaises et celles des Pyrénées ou des Causses. A part en mai et juin, l'espèce a également été observée en mars, avril, juillet, août, septembre, octobre et novembre. Une tentative d'hivernage a eu lieu du 14 novembre 1997 au 29 décembre 1998 dans le canton de Thurgovie, mais l'oiseau a été recueilli épuisé le 6 février 1998 près de Zuchwil SG. Le Vautour fauve habite les collines et les régions montagneuses, nichant en colonie dans des falaises abruptes (gorges notamment) jouxtant des plaines ouvertes ou des hauts plateaux arides pâturés par les ovins. Strictement diurne, il ne prend guère son envol que lorsque les ascendances thermiques sont suffisamment développées, en fin de matinée. Son activité est donc dépendante du soleil et, par temps pluvieux, il peut rester immobile pendant plusieurs jours, économisant ses forces. Charognard par excellence, il se nourrit exclusivement de cadavres d'animaux, dont il ne s'approche qu'avec méfiance après plusieurs jours d'observation aérienne. Très sociables, les oiseaux explorent souvent le terrain à plusieurs et se rassemblent autour d'un cadavre avant la « curée ». Ils rejoignent avant le coucher du soleil les parois où ils gîtent. Bien que les vautours qui s'égarent jusqu'en Suisse soient le plus souvent isolés, des groupes de 3, 4, 6 et exceptionnellement 15 individus y ont été observés. Le déclin du Vautour fauve s'est manifesté dès la seconde moitié du XIXe siècle, causé principalement par l'utilisation d'appâts empoisonnés pour éliminer les mammifères prédateurs de bétail. Bien que cette pratique se soit bien réduite, elle constitue toujours une des principales causes de mortalité en Espagne, dans les Balkans et en Turquie. Les nouvelles directives européennes en matière d'hygiène, interdisant de laisser les cadavres d'animaux sur place, constituent une menace moderne, partiellement compensée par la création de charniers dans le cadre de programmes de réintroduction. L'encouragement du pastoralisme est également essentiel pour la survie des vautours.rychnine et la réintroduction, dès 1981, de l’espèce dans le Massif Central, sont à l’origine du redressement de la population française et de la recolonisation des sites abandonnés. L’espèce est aujourd’hui devenue régulière, probablement en provenance des colonies cévenoles, parvenant même jusque sur la côte de la mer du Nord : 18 individus (dont un portant une bague espagnole) ont été observés en juillet 2001 aux Pays-Bas. La preuve d'une provenance sauvage de certains oiseaux traversant la Suisse a été apportée le 3 juin 2006 à Neuenkirch SH, lorsqu'un individu bagué le 15 août 2004 à Vélez Rubio (Almeria, Espagne) a été recueilli mourant. Les données hivernales en Valais sont exceptionnelles, les premières ayant été rapportées en 1997/98 et en 2000/01. Depuis 1996, l’espèce est vue chaque printemps à Hucel F. Partisan de la loi du moindre effort, le Vautour fauve est condamné au sort peu enviable de fossoyeur. C’est pour mieux pénétrer les entrailles que sa tête et son long cou ne sont recouverts que d’un duvet ras, la collerette de longues plumes blanchâtres empêchant le reste du corps de se salir. Dégingandé et grotesque au sol, c’est dans le ciel qu’il prend sa revanche, se métamorphosant en admirable machine volante évoluant sans effort au gré des ascendances thermiques. Champion du vol à voile, ses rares mouvements d’aile sont restreints à quelques poussées vers le bas. Sa taille immense et son plumage fauve le rendent impossible à confondre en bonne lumière. Sa silhouette est également caractéristique, la courte queue accentuant encore la largeur des ailes, tenues légèrement relevées avec les rémiges primaires saillantes. Les immatures sont reconnaissables au contraste plus marqué entre les couvertures sous-alaires pâles uniformes et les rémiges sombres, ainsi que par leur collerette plus sombre que chez l’adulte. Le Vautour fauve habite sporadiquement les massifs montagneux du sud de l’Europe, de l’Afrique du Nord et de la péninsule Arabique, et de manière plus continue ceux de la Turquie à l’Asie centrale, une autre sous-espèce nichant dans l’Himalaya. Avec plus de 8'000 couples, l’Espagne héberge 80% de la population européenne. En France, l’espèce a disparu des Alpes et des Alpilles au XIXe siècle ainsi que du Massif Central (Grands Causses) vers 1945, année de la dernière nidification. Dès 1981, le Vautour fauve a été réintroduit en Lozère dans les gorges de la Jonte (première nidification en 1982) et en Aveyron dans celles du Tarn (première nidification en 1884), où en tout 250 individus dont 75 couples nicheurs ont été recensés en 1999. En Suisse, on connaît 11 données du XIXe siècle entre 1812 et 1885 dans les cantons des Grisons (1), St-Gall (1), Uri (2), Lucerne (1), Berne (2), Fribourg (1), Vaud (1) et Valais (1) (Studer & Fatio 1889). Au XXe siècle, il existe 12 données jusqu’en 1980 (Grisons 3, Valais 2, Berne 2, Lucerne 1, Uri 1, Schwyz 1, St-Gall 1, Tessin 1) (Masarey 1934, Winkler 1999) qui concernent la population originelle, alors que les données ultérieures (Vaud 5, Berne 2, Tessin 1, Thurgovie 1, St-Gall 1) sont probablement toutes d’oiseaux réintroduits en France dans le Massif Central (Cévennes, Hérault) et dans les Alpes de Provence (sud du Vercors, Drôme provençale et gorges du Verdon) et en Autriche dans les Hohe Tauern. Un spécimen de 1912 collecté en Basse-Engadine GR est conservé au Bündner Naturmuseum de Coire GR, un de 1933 dans le canton de St-Gall au collège Kleinfeld à Mels SG, un de 1938 en Valais au Musée de zoologie de Lausanne, un de 1940 ou 1944 dans le canton d’Uri au Kunsthaus de Glaris, un de 1966 au Tessin dans la collection F. Camozzi, Bogno TI. Les Vautours fauves adultes sont essentiellement sédentaires, mais la quête de nourriture peut les amener à parcourir plusieurs dizaines de kilomètres autour de leur site de reproduction. Les oiseaux observés en Suisse, principalement en mai et juin, sont probablement pour la plupart des immatures à la recherche d’un site de reproduction, qui sont capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètres. Ainsi les observations dans un rayon de 200 km depuis les Grands Causses sont relativement fréquentes ; il existe même des échanges entre les colonies espagnoles ou portugaises et celles des Pyrénées ou des Causses. A part en mai et juin, l’espèce a également été observée en mars, avril, juillet, août, septembre, octobre et novembre. Une tentative d’hivernage a eu lieu du 14 novembre 1997 au 29 décembre 1998 dans le canton de Thurgovie, mais l’oiseau a été recueilli épuisé le 6 février 1998 près de Zuchwil SG. Le Vautour fauve habite les collines et les régions montagneuses, nichant en colonie dans des falaises abruptes (gorges notamment) jouxtant des plaines ouvertes ou des hauts plateaux arides pâturés par les ovins. Strictement diurne, il ne prend guère son envol que lorsque les ascendances thermiques sont suffisamment développées, en fin de matinée. Son activité est donc dépendante du soleil et, par temps pluvieux, il peut rester immobile pendant plusieurs jours, économisant ses forces. Charognard par excellence, il se nourrit exclusivement de cadavres d’animaux, dont il ne s’approche qu’avec méfiance après plusieurs jours d’observation aérienne. Très sociables, les oiseaux explorent souvent le terrain à plusieurs et se rassemblent autour d’un cadavre avant la « curée ». Ils rejoignent avant le coucher du soleil les parois où ils gîtent. Bien que les vautours qui s’égarent jusqu’en Suisse soient le plus souvent isolés, des groupes de 3, 4, 6 et exceptionnellement 15 individus y ont été observés. Le déclin du Vautour fauve s’est manifesté dès la seconde moitié du XIXe siècle, causé principalement par l’utilisation d’appâts empoisonnés pour éliminer les mammifères prédateurs de bétail. Bien que cette pratique se soit bien réduite, elle constitue toujours une des principales causes de mortalité en Espagne, dans les Balkans et en Turquie. Les nouvelles directives européennes en matière d’hygiène, interdisant de laisser les cadavres d’animaux sur place, constituent une menace moderne, partiellement compensée par la création de charniers dans le cadre de programmes de réintroduction. L’encouragement du pastoralisme est également essentiel pour la survie des vautours. |
A propos de Lionel Maumary |