Symbole des lacs canadiens, où il fait vibrer les nuits d'été de sa plainte lancinante, ce grand plongeon hiverne en petit nombre sur les côtes de la Mer du Nord et de l'Atlantique. C'est une rareté à l'intérieur du continent européen, où il ne pénètre le plus souvent qu'à la faveur de tempêtes d'ouest. L'Imbrin est impossible à confondre en plumage nuptial, avec son costume noir brillant à damier et points blancs, son collier zébré et son poignard trempé d'encre. En hiver par contre, le plumage terne rend une confusion possible avec le Plongeon arctique ou le Plongeon à bec blanc. Il se différencie alors du premier par sa plus grande taille, son bec plus épais (aussi tenu horizontalement), son front anguleux, son demi-collier blanc et le tour de l'oeil pâle. En bonne lumière, la tête paraît plus sombre que le manteau, à l'inverse du Plongeon arctique. Le culmen sombre le distingue du rarissime Plongeon à bec blanc. Le Plongeon imbrin ne niche en Europe qu'en Islande avec une population de 300 couples. Quelques nidifications ont occasionnellement été constatées au Spitzberg, à l'île de l'Ours, et à Jan Mayen, alors que le Groenland héberge entre 200 et 2'000 couples. Ces oiseaux hivernent principalement sur les côtes britanniques et françaises de l'Atlantique et de la Mer du Nord, ainsi qu'en plus petit nombre sur les côtes norvégiennes et ibériques. Les schémas de migration sont mal connus en raison d'une absence de reprise d'oiseau bagué, mais il est probable qu'une grande partie des oiseaux observés sur les côtes européennes proviennent du Groenland voire du Canada. En Suisse, l'Imbrin est observé principalement sur le Léman, les lacs de Constance, de Neuchâtel et de Zurich. Le Doubs, les lacs des Brenets, de Bienne, de Morat, de Zurich, de Zoug ont également accueilli des oiseaux isolés. Sur le Léman, la plupart des observations proviennent du Petit Lac et de la baie d’Excenevex (Haute-Savoie, France), l'Imbrin étant plus rare aux Grangettes ou entre Vidy VD et Nyon VD. Sur le lac de Neuchâtel, ce Plongeon a été noté à Cheyres FR, Cudrefin VD, Yverdon VD, Yvonand VD et à la Sauge VD sur le canal de la Broye. Au lac de Constance, c’est surtout entre Altnau TG et Romanshorn TG que l’espèce a été observée, avec un centre de gravité entre Kesswil TG et Güttingen TG qui concentre plus de la moitié des données.Les premiers oiseaux arrivent mi-novembre, la grande majorité des observations ayant lieu en décembre et janvier. Celles-ci concernent probablement des hivernants : un jeune a séjourné du 7 décembre 1976 au 2 janvier 1977 dans le canal de la Thielle à Yverdon et des hivernages ont été attestés sur le Léman, le lac de Constance et le lac de Bienne. Les tempêtes d'ouest amènent parfois des oiseaux égarés, à l'instar de l'ouragan Lothar qui en déporta six jusqu'en Suisse les 26 et 28 décembre 1999. Il s'agit le plus souvent de jeunes inexpérimentés dans leur premier hiver. Une fois parvenu sur nos grands lacs, l'Imbrin semble s'y plaire, puisque des hivernages ont été observés sur le Léman et sur le lac de Constance depuis le début du siècle. Dès le mois de février et jusqu'en mai, les observations peuvent concerner des oiseaux en migration prénuptiale. Le Plongeon imbrin est presque toujours vu isolément, exceptionnellement par groupe de 2 voire 3 individus. Il pêche généralement à moins de 500 m de la côte, souvent très mobile le long d’un secteur de rive. Il plonge généralement pendant 1 minute à 4-10 m sous la surface, mais des oiseaux se sont pris dans des filets de pêche jusqu'à 70 m de profondeur! Il se nourrit principalement de poissons mesurant jusqu’à 30 cm, mais il ne dédaigne pas les proies de petite taille : un Gardon Rutilus rutilus de 10 cm a été retiré du gosier d’un jeune abattu en décembre 1929 sur le lac des Brenets NE. En Suisse, les écrevisses composent une grande partie de son régime alimentaire. Il s'approche volontiers près du bord et se montre souvent relativement peu farouche vis-à-vis des hommes sur le rivage. Il est silencieux en hiver. |
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