Fauvette passerinette. Fully VS, 14 avril 2016. L. Maumary. I. La Fauvette passerinette (état 2006) La sous-espèce nominale de la Fauvette passerinette niche sur le pourtour méditerranéen de la péninsule Ibérique à l'Italie continentale et la Sicile, remplacée par S. c. albistriata dans le nord-est de l'Italie, les Balkans et en Turquie, par S. c. moltonii sur les îles de la Méditerranée occidentale (Baléares, Corse, Sardaigne) ainsi que dans le nord des Apennins I et S. c. inornata au Maghreb. Avec 1.1-2.3 millions de couples, l'Espagne héberge 80% de la population européenne. Les quartiers d'hiver se situent principalement dans la ceinture sahélienne, dans une moindre mesure dans les oasis et massifs sahariens du Hoggar et de l'Aïr. En Suisse, l'espèce a niché en 1996 aux Follatères/Fully VS et probablement aussi à Loèche VS. En 2004, deux couples étaient présents aux Follatères sur 15 ha et un autre chanteur construisait un nid. Un couple a niché avec succès, l'autre a disparu après la construction du nid. Une nidification réussie a aussi eu lieu en 2006 en Valais central. Les observations de migrateurs, le plus souvent des mâles de moins d'un an à la recherche d'un territoire de nidification au printemps, sont disséminées sur l'ensemble du pays, avec des concentrations en Valais (38 sur 105 données, 1900-2003) dans les régions de Martigny/Fully et de Loèche (première observation le 10 mai 1978 à Bramois et le 15 avril 1984 à Fully) ainsi que du Tessin au bord (16) du lac Majeur (premières données les 9/10 avril 1956 à Ascona et 18 avril 1970 aux Bolle di Magadino). Les cantons les plus visités sont ceux de Berne (12 données), des Grisons (11) et de Vaud (9). Dans les autres cantons on ne connaît qu'au plus 4 observations (Fribourg 1, Neuchâtel 2, Jura 1, Soleure 2, Bâle-Ville 1, Argovie 4, Lucerne 2, Uri 1, Zoug 1, Zurich 1, St-Gall 4). Sur 105 données helvétiques jusqu'en 2003, 9 ont été obtenues à plus de 1'000 m d'altitude, le record s'établissant à 1'960 m le 28 mai 1996 à Sobrio TI. La Passerinette est toujours une grande rareté au bord du lac de Constance, où il n'existe que 3 données, la première datant du 8 mai 1971 à Langenargen D. Les observations concernent probablement le plus souvent la sous-espèce nominale, en partie aussi des oiseaux de la sous-espèce S. c. albistriata, comme probablement le 30 mai 1983 à Prévessin (Pays de Gex F). Dans le sud de la France, la migration postnuptiale débute mi-juillet, le passage culminant dans la dernière décade d'août et la première moitié de septembre. Des attardés peuvent encore être observés jusqu'à fin octobre, occasionnellement jusqu'en novembre. Les seules données suisses en migration postnuptiale sont celles d'une femelle ou jeune le 28 septembre 2004 à Ins et d'un mâle de 1re année les 14/15 octobre 1998 à la Aufschütte/Lucerne. Hormis les nidifications de 1996, 2004 et 2006, toutes les données sont comprises entre le 30 mars (1974 à Gwatt BE) et le 14 juin (Erschmatt VS en 1986), la majorité des migrateurs étant observés entre mi-avril et la première décade de mai. La première apparition de la Passerinette en Suisse date du 18 avril 1951 à Préverenges VD. L'espèce a été vue 10 fois jusqu'en 1979, 35 fois en 1980-89, 38 fois en 1990-99 et 22 fois en 2000-03. Dans les cas où le sexe a pu être déterminé, il s'agissait de 80 mâles et de 11 femelles. Les nidifications de 1996, 2004 et 2006 en Valais, les plus septentrionales connues chez cette espèce, s'inscrivent dans le cadre d'une fréquence d'apparition de plus en plus grande en Europe centrale dès les années 50 (surtout dès 1984) ainsi qu'à une recherche plus ciblée. En 1996 s'est produit le plus fort afflux avec 11 observations totalisant 16 individus. L'année précédente avaient eu lieu deux observations de femelles, le 1er mai au Verney/Martigny VS et le 3 mai à Loèche VS, la première femelle ayant été photographiée le 19 avril 1985 aux Grangettes VD. Le premier afflux d'une ampleur comparable s'est produit en 1989, avec 12 observations, puis à nouveau en 2001 avec 14 observations totalisant 15 individus (dont au moins 4 femelles). En France, l'espèce a récemment étendu son aire de nidification vers le nord : dans l'Ain, une nidification récente a eu lieu en 1997 à Montagnieu après les reproductions de 1958, 1959 et 1966 à Culoz : plusieurs territoires étaient occupés en 2001, 2003 et 2004 à Lhuis et Montagnieu. Selon Bailly, la Fauvette passerinette nichait autrefois au bord du lac du Bourget (Savoie) et sur la rive droite du Rhône à Virignin (Ain). En Italie également, l'espèce semble avoir progressé vers le nord, en installant ses quartiers les plus septentrionaux au val Susa (Piémont) depuis 1983. La Fauvette passerinette niche dans les garrigues et maquis peuplés de chênes verts Quercus ilex ou les coteaux colonisés par le chêne pubescent Q. pubescens. Elle habite parfois les forêts incendiées qu'elle recolonise après 2 ans ou tout îlot de végétation dans les milieux agricoles, pour autant qu'une strate buissonnante supérieure à 1 m de hauteur soit présente. Les deux premières nidifications suisses ont eu lieu sur le coteau sec des Follatères/Fully VS, dans l'un des plus grands fourrés de la steppe buissonnante dont la strate arborescente, composée exclusivement de chênes pubescents, atteignait 6 à 9 m. La strate arbustive, très dense, occupait toute la périphérie, jusqu'à environ 2.5 m de hauteur; elle était formée en premier lieu de troène vulgaire Ligustrum vulgare, puis de rosiers Rosa sp., cornouiller mâle Cornus mas, viorne lantane Viburnum lantana, frêne Fraxinus excelsior, épine noire Prunus spinosa, épine-vinette Berberis vulgaris, par quelques jeunes chênes Quercus sp. et parsemée de quelques genévriers communs Juniperus communis. Diurne et solitaire, la Fauvette passerinette se nourrit principalement d'insectes et d'araignées prélevés dans les buissons ou les arbres, en été et en automne aussi de baies et de nectar. En migration en Suisse, ce sont les argousiers Hippophaë rhamnoides et autres buissons épineux qui la retiennent le plus souvent, notamment le long du Rhône en Valais; son arrivée est souvent précédée d'un épisode de foehn. En escale migratoire, elle se tient généralement bas dans les buissons épineux pendant la matinée, montant petit à petit dans les arbres pour se nourrir. L'alarme de la sous-espèce nominale est un «tek» faible, parfois répété rapidement. Le chant, émis depuis le sommet d'un buisson ou en vol nuptial, est un babil tressautant mêlé de sifflements aigus, sur un tempo irrégulier, souvent initié par une série accélérée de «tek»; il ressemble à celui de la Fauvette mélanocéphale, dont il se distingue notamment par l'absence des «trr» qui ponctuent régulièrement les phrasés de cette dernière. Aux Follatères/Fully VS, le nid de 1996 était constitué notamment de chaumes de stipes Stipa sp. et était situé à 95 cm de hauteur dans un troène vulgaire. Il contenait le 18 juin 4 jeunes fraîchement éclos, dont 3 ont quitté le nid 7 jours plus tard et ont encore été nourris par leurs parents au moins jusqu'au 30 juin, date de la dernière observation de la femelle nourrissant un jeune. La femelle était âgée d'un an (2 a.c.). En 2004, au moins deux jeunes capables de voler étaient nourris par le couple les 20-25 juin. Cette femelle était adulte, alors que celle de l'autre couple, ayant disparu après la construction du nid, était probablement de première année (2 a.c.). Son nid se situait 35 cm au-dessus du sol et seulement à 3 m du site de 1996. Dans le sud-ouest de l'Europe, la ponte a généralement lieu en avril/mai. L'incubation par le couple dure 11-12 jours et les jeunes quittent le nid à 10-12 jours. Il y a souvent plus d'une nichée annuelle. |
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