Gobemouche à collier, L. Maumary. II. Le Gobemouche à collier Le Gobemouche à collier niche du nord-est de la France au bassin de la Volga, son aire de nidification étant limitée au sud par les Apennins et le nord des Balkans et au nord par la mer Baltique, des petites populations isolées se trouvant sur les îles Öland et Gotland (Suède). Avec env. 175'000 couples, la Roumanie héberge le tiers de la population européenne (Russie non comprise). Les quartiers d'hiver se situent dans le sud-est de l'Afrique, de la Tanzanie au Mozambique. En Suisse, l'espèce ne niche qu'au Tessin et dans les vallées méridionales grisonnes du Bregaglia et du Mesolcina entre 500 et 1'000 m, surtout entre 700 et 900 m d'altitude. Les sites les plus régulièrement occupés sont le Monte Bigorio, le val d'Ambra, Gordevio (en nichoir), le val d'Onsermone, le Monte Gambarogno (en nichoir), le val di Campo à l'ouest de Cevio, le val Bregaglia, le val Mesolcina et le val Cannobina, à l'ouest du lac Majeur sur territoire italien. D'autres stations sont connues plus au nord à Rivera, Camignolo, Mezzovico et Grumo sur Chironico ainsi que dans le Malcantone autour de Cademario et d'Iseo ainsi qu'au-dessus de Vira, à Carasso et Arbedo. Le Gobemouche à collier est irrégulier en migration au nord des Alpes. On ne dispose que de rares données en migration postnuptiale, l'espèce étant pratiquement impossible à distinguer du Gobemouche noir à cette saison lorsqu'elle est silencieuse. Au nord des Alpes, les données sont comprises entre début juillet et mi-septembre, la donnée la plus tardive datant du 23 septembre 1945 à Préverenges VD. Au printemps, migrateurs sont observés dès le mois d'avril, au plus tôt le 25 mars 1989 à Onnens VD. Le passage culmine fin avril/début mai, laissant exceptionnellement des retardataires jusqu'en juin. Dans la région du lac de Constance, entre 1983 et 1998, on connaît 11 observations entre le 18 avril et le 25 mai et 6 entre le 13 juillet et le 16 septembre. Certains mâles se fixent pendant quelque temps au même endroit, p. ex. du 25 mai à mi-juin 1973 et du 18 avril au 30 mai 1974 devant un nichoir à Sitterdorf TG, ainsi que du 6 au 30 mai 1977 devant un nichoir à Fribourg. Les premières preuves de reproduction datent de 1824, 1826 et 1835 entre Castasegna et Soglio au val Bregaglia GR, mais ce n'est qu'à partir de 1949 que la nidification a été certifiée au Tessin, au Monte Bigorio et suspectée dans le val Bregaglia. Il existe en outre 4 mentions mal documentées de nidification du début du XXe siècle dans le nord de la Suisse ; l'espèce aurait également niché dans la région de Bregenz A et de Lindau D à cette période, après quoi seules 15 observations printanières ont été enregistrées dans la région du lac de Constance jusqu'en 1982 et 17 de 1983 à 1998. Entre les périodes d'atlas de 1972-76 et de 1993-96, le nombre de carrés occupés est passé de 12 à 10, ce qui représente une régression globale de 17 %. La population helvétique, qui était estimée à 50-100 couples dans les années septante, n'était plus que de 20-25 couples dans les années nonante ; dans le val Bregaglia, où l'on recensait chaque année jusqu'à 10 mâles cantonnés sur 15 ha entre 1972 et 1984, seuls 4 chanteurs ont été retrouvés en 1993, mais aucun en 1995/1996. Les observations de migrateurs hors des régions de nidification montrent également une tendance à la baisse, avec en moyenne 3 données/an entre 1968 et 1982 (49/15 ans) contre seulement 1 donnée/an entre 1983 et 1997 (16/15 ans). En Alsace voisine, où la reproduction était régulière jusqu'en 1971 dans les forêts de la plaine du Rhin, seuls trois cas de reproduction ont été enregistrés de 1972 à 1995, l'essentiel de la population française se trouvant en Lorraine ; le Gobemouche à collier était régulier en migration en Île-de-France, où il est devenu très rare au XXe siècle. Au Tessin, le Gobemouche à collier recherche les bosquets de vieux châtaigniers à cavités sur des pentes bien ensoleillées. Les bois de chênes pur sur pente raide sont également occupés. En escale migratoire, l'espèce fréquente aussi les haies, parcs ou jardins. Diurne et solitaire, il se nourrit principalement de d'insectes volants (éphémères Ephemoptera, diptères Diptera, hyménoptères Hymenoptera, coléoptères Coleoptera, lépidoptères Lepidoptera) et d'araignées Arachnoidea capturés en vol. Il guette ses proies à l'affût depuis un perchoir élevé, sur lequel il retourne fréquemment. Par temps pluvieux, il chasse aussi plus près du sol. La migration s'effectue de nuit. Très discret, le Gobemouche à collier se signale le plus souvent par un sifflement fin et aspiré « iihp » Le chant du mâle est une succession de gémissements étirés, de sifflements et de trilles aigus, très différent de celui du Gobemouche noir. Le nid de tiges, de mousse, de brindilles garni de crins est situé dans la cavité d'un arbre ou d'un mur, volontiers dans un nichoir ; il est généralement situé à une hauteur de 5-15 (3-32) m. Les 5-7 œufs sont généralement pondus dans la seconde moitié de mai. L'incubation par la femelle dure 12-15 jours et les jeunes quittent le nid au bout de 12-17 jours ; ils sont encore nourris par le couple pendant env. 1 semaine après l'envol. Il n'y a qu'une ponte annuelle. La maturité sexuelle est atteinte à l'âge d'un an. Le Gobemouche à collier est dominant sur le Gobemouche noir en sympatrie, le premier excluant parfois le second ; l'hybridation entre les deux espèces est occasionnelle. Les stations tessinoises comptent entre 2 et 4 couples, mais 10 chanteurs/15 ha ont été recensés au val Bregaglia GR en 1972 ; la plus petite distance entre deux cavités naturelles occupées était de 140 m. Les causes du déclin actuel de la population tessinoise sont inconnues, le Gobemouche à collier s'étant retirée de sylves bien conservées. Il est probable que les printemps frais et pluvieux de ces deux dernières décennies aient influencé négativement le succès de reproduction. L'avenir de l'espèce en Suisse dépend de la préservation et du renouvellement des châtaigneraies. La pose de nichoirs peut localement favoriser l'implantation de l'espèce. |
A propos de Lionel Maumary |