Photo: Bergeronnette de Yarrell mâle, Penthaz VD, 6 mars 2019. L. Maumary. Données d'oiseaux avec les caractères de la sous-espèce M. a. yarrellii «Bergeronnette de Yarrell» : [1] 28-29 mars 1975: Pfungen ZH, 1 ind., photo; [2] 16 mars 1981: Les Grangettes VD, 1 ind., photo (A. Reymond); [3] 19 avril 1998: Grenchenwiti/Grenchen SO, 1 ind. (M. Tobler); [4] 4-5 mars 2005: Carouge GE, 1 m., photo (C. Schönbächler et al.) ; [5] 26 avril 2005: Préverenges VD, 1 m., photo (A. de Titta, Y. Menétrey, C. Schönbächler, D. Guerra, M. Thélin) ; [6] 25 février 2007 : St-Aubin FR, 2 m. ad., vidéo (P. Monney, F. & B. Banderet) ; [7] 6 mars 2007: Yverdon VD, 1 ind. (E. Morard) ; [8] 18 novembre 2007, 17 et 25 décembre 2007-2 mars 2008 : Flachsee Unterlunkhofen AG m. ad., phot., vidéo (A. Ingold, A. Vogler, P. Roth, H. P. Ammann, M. Labreuche et al.) ; [9] 24 mars 2008 : Cornaux NE, phot. (D. Perriard, L. Juillerat) ; [10] 3 mai 2008 : Fanel NE, m.(A. Sutter, M. Zimmerli) ; [11] 11 mai, 9, 23-30 juin et 14 et 27 juillet 2008 : Dorénaz VS FR, m., phot., vidéo ; [12] 18 avril 2009 : Denges VD, m., phot. (R. Braillard) ; [13] 15 décembre 2009 : rade de Genève GE, phot., (N. Ganichot) ; [14] 20 mai 2010 : Uerikon/Stäfa ZH, m., phot. (S. Stricker) ; [15] 19-25 février 2011 : Les Grangettes VD, m., phot. (J.-M. & J. Fivat, A. Dufaux) ; [16] 19 mars 2011 : Schmerikon SG, m., phot. (S. Stricker, A. Täschler) ; [17] 28 avril 2011 : Sant'Antonio TI, m., phot. (S. Stricker, D. Riederer) ; [18] 14 janvier 2012 : Emmen LU, m., phot. (A. Borgula, H. Bolzern, T. Vonarburg, J. Brun, M. Imhof) ; [19] 30 mars et 4/6 avril 2013 : Juppa/Avers GR, m., phot. (E. Dettli) ; [20] 19 avril et 7 mai 2013 : Noville VD, m., phot. (H. Fivat, Y. Schmidt) ; [21] 1er-2 mai 2015 : Martigny et Fully VS, phot. (C. Luisier, M. Bally, A. Aubert) ; [22] 11 avril 2016 : Bolle di Magadino TI, m., phot. (J. Mazenauer, C. Venetz) ; Lors d'une révision des données de «Bergeronnettes de Yarrell», plusieurs anciennes observations, en partie publiées, ont été biffées. La Bergeronnette grise est répandue dans la majeure partie de l'Eurasie, atteignant le Maroc au sud-ouest et l'Alaska au nord-est. La sous-espèce nominale niche dans toute l'Europe continentale, en Islande, dans le sud-est du Groenland, aux îles Féroé et Shetland, dans le sud de la Nouvelle-Zemble (Russie) et au Moyen-Orient, progressivement remplacée par d'autres sous-espèces à l'est du fleuve Ienisseï et de la mer Caspienne. La «Bergeronnette de Yarrell» M. a. yarrellii niche surtout sur les îles Britanniques, en plus petit nombre sur les îles Anglo-normandes et sur le littoral français de la Manche ainsi que sur les côtes de la mer du Nord en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne jusqu'au Danemark et au sud de la Norvège ; 7-9 autres sous-espèces se trouvent en Asie, au Maroc et sur la côte ouest de l'Alaska. Avec respectivement 1-3 millions et 0.8-1.2 millions de couples, la Roumanie et la Biélorussie se partagent 30% de la population européenne. Les populations du Paléarctique occidental hivernent principalement en Europe occidentale et méridionale, à l'ouest d'une ligne reliant le Danemark à la mer Noire, ainsi qu'en Afrique jusqu'au sud du Sahara. Les oiseaux d'Europe orientale et septentrionale sont les plus migrateurs alors que les plus occidentaux sont partiellement sédentaires; les quartiers d'hiver de la sous-espèce M. a. yarrellii s'étendent des îles Britanniques à travers l'ouest de la France et la péninsule Ibérique jusqu'au sud du Maroc. Les populations asiatiques hivernent de la péninsule Arabique au Japon. L'espèce est répandue dans toute la Suisse, de la plaine, où les densités sont les plus fortes, jusqu'à plus de 2'000 m d'altitude, les sites de nidification les plus élevés se trouvant à 2'580 m au-dessus de Zermatt VS et au col de la Flüela GR 2'380 m. La Bergeronnette grise nichait probablement aussi au col du Grand St-Bernard VS 2'470 m, à cette altitude exclusivement liée aux habitations humaines. Elle a également été observée en période de nidification à plus de 2'000 m sur le versant nord des Alpes, comme à la Lauteraarhütte BE 2'390 m. En période de migration, la Bergeronnette grise peut être observée partout, des concentrations se produisant sur les cols alpins ainsi qu'au bord des grands lacs. Les hivernants sont chez nous confinés aux rivages de plaine, 96% des données hivernales provenant d'altitudes inférieures à 600 m (1994/95-2003/04). Des oiseaux isolés sont observés en hiver jusqu'à 1'000 m, exceptionnellement plus haut. Dès le mois d'août, les familles se dispersent hors des sites de nidification. La migration ne débute pas avant la 2e décade de septembre, culmine dans la première moitié d'octobre et se termine fin novembre, laissant quelques hivernants entre mi-décembre et mi-février. La date moyenne du passage se situe le 12 octobre au col de Jaman VD (n=76; 1991-2005) et le 15 octobre au col de Bretolet VS (n=1'530; 1958-99). Les rassemblements hivernaux de 25-50 oiseaux sont rares (2.5 % des données hivernales, 1994/95-2003/04) mais annuels. La migration de printemps débute mi-février, culmine dans la dernière décade de mars et se termine fin avril. A la Hornspitze D au bord du lac Inférieur, la date médiane du passage est le 22 mars (n=1'893; 1984-86). Entre l'atlas de 1972-76 et celui de 1993-96, la situation est demeurée globalement stable, avec toutefois 8 nouveaux carrés d'atlas occupés dans les Alpes, ce qui est peut-être dû à une recherche plus intense. Les hivers rudes du milieu des années 80 ont entraîné une diminution des effectifs, qui ont toutefois pu se rétablir les années suivantes. Au bord du lac de Constance, l'effectif moyen a augmenté de 10% entre 1980-81 et 1990-92, mais s'est réduit par la suite de 30% jusqu'en 2000-02. Dans le canton de Zurich, la population est restée stable entre 1986-88 et 1999-200050, alors que le nombre de carrés occupés a augmenté de 38% dans le canton de Genève entre 1977-82 et 1998-2003. Depuis lors, la situation semble s'être stabilisée. L'espèce est devenue un peu plus fréquente en hiver dans les années 90; elle se rencontre plus souvent loin de tout plan d'eau, dans les agglomérations ou dans les zones cultivées. Très éclectique, la Bergeronnette grise fréquente les milieux ouverts et semi-ouverts à faible couverture végétale ou dénudés tels que rivages de lacs et de cours d'eau, champs, pâturages, prés de fauche, friches, gazons ras, terrains de sport, terrains vagues, aérodromes, bordures de marais ou de routes agricoles. Elle s'accommode bien des zones urbaines périphériques, même densément construites, telles que toits, jardins, parcs, places de jeu, rues ou complexes industriels, mais évite les étendues forestières uniformes. En montagne surtout, elle dépend de la présence d'habitations et de l'activité humaine, profitant des étables d'alpages et des pâturages, de même que des installations touristiques telles que remontées mécaniques ou gîtes d'étape. Contrairement à la Bergeronnette des ruisseaux, la proximité de l'eau ne lui est pas indispensable, quoiqu'appréciée. Diurne et crépusculaire, la Bergeronnette grise se nourrit principalement d'insectes (diptères, trichoptères, éphémères, plécoptères, criquets, papillons, coléoptères, punaises ou libellules) et d'araignées prélevés au sol, dans l'eau peu profonde ou la végétation basse en marchant, en courant rapidement ou lors d'une courte poursuite au vol. D'autres arthropodes complètent le régime alimentaire, de petits mollusques et des alevins jusqu'à 35 mm ; la capture et l'ingestion d'une jeune Grenouille rousse Rana temporaria d'environ 2 cm a été observée. La Bergeronnette grise complète son régime alimentaire par des graines en hiver, voire du pain. Elle accompagne volontiers le bétail dans les pâturages, se posant parfois sur le dos des animaux pour y picorer les insectes; elle se perche parfois sur les fils aériens. A l'occasion, elle cueille les insectes à la surface de l'eau ou moucheronne en zigzaguant d'une rive à l'autre en suivant le courant, volant lentement à 20-30 cm de hauteur et se posant parfois sur des morceaux de bois servant de radeaux. Les hivernants recherchent leur subsistance au bord des eaux, dans les prés tondus ou inondés, aux abords des tas de fumier et dans les champs fraîchement labourés ou fumés ainsi qu'aux abords des stations d'épuration. Grégaires hors de la période de reproduction, les oiseaux se rassemblent le soir dans des dortoirs communautaires situés dans des roselières, sur des arbres (souvent en pleine ville), dans de jeunes plantations et, plus rarement, dans des champs à découvert ou sur des toits; plusieurs dizaines, voire centaines d'individus (exceptionnellement jusqu'à 1'000) s'y arrêtent, souvent en compagnie d'autres motacillidés. Peu de dortoirs hivernaux sont connus, par exemple 5 dortoirs alternatifs de 10-64 oiseaux sur des arbres à Sursee LU entre décembre 1993 et février 1994, deux dortoirs dans les arbres d'un îlot routier et dans le lierre Hedera helix dans un mur bordant l'Aar à Thoune BE en décembre et janvier 2002/03 et 2003/04 avec 10-136 individus, un dortoir dans un bosquet à un carrefour de Morges VD de décembre 2002 à janvier 2003 avec 61-76 oiseaux, 34 ou chaque hiver depuis 1992/93 au moins dans les arbres de la place de la gare de Berne, avec au maximum 490 individus le 1er janvier 2007. Les concentrations sont particulièrement importantes dans les dortoirs estivaux, ainsi qu'aux points culminants de la migration, en octobre et en mars. La Bergeronnette grise est une espèce familière, relativement peu farouche, qui supporte bien le mouvement et le bruit des activités humaines; certains mâles territoriaux attaquent leur reflet contre des vitres ou des rétroviseurs de voitures et houspillent fréquemment les corvidés et les rapaces (par exemple l'Epervier d'Europe ou le Milan noir). La Bergeronnette grise poursuit parfois les Hirondelles de rochers, de rivage ou de fenêtre qui viennent en masse chasser les insectes au ras de l'eau lors de conditions météorologiques défavorables. Le cri le plus fréquent est un «tchri-li» ou «sri-lip» bisyllabique, répété calmement à intervalles réguliers; le chant est un babil précipité et confus, ponctué de notes aiguës, généralement émis au sol ou depuis un perchoir élevé, parfois aussi en voletant d'un poste à l'autre. Avant l'accouplement, le mâle effectue une parade caractéristique, s'approchant de la femelle en s'inclinant, les ailes et la queue déployées et légèrement tombantes. La femelle – seule en général – construit une coupe de tiges, radicelles, mousses, plumes et crins de préférence dans une niche semi-ouverte, par exemple sur une poutre protégée par un avant-toit, dans l'encadrement d'une fenêtre, une cheminée, une anfractuosité d'un rocher, des plantes grimpantes (lierre Hedera helix notamment), des pigeonniers, un tas de pierres, de bois ou de fagots ou un nichoir, dans une cavité d'un arbre, entre des racines, au sol sous une touffe d'herbes ou une motte, dans un trou de mur, sous un pont, dans une structure métallique, un enrochement, un barrage, sur une île, un radeau artificiel ou un bateau (parfois à plus de 100 m du rivage), voire sur des machines de chantier ou des camions, même en mouvement. Le nid est situé le plus souvent à 1-5 m de hauteur mais parfois jusqu'à 40 m au-dessus du sol dans des clochers d'église ou sous des toits d'immeubles élevés. La Bergeronnette grise adopte parfois le nid d'un autre oiseau, par exemple celui de l'Hirondelle rustique, du Merle noir ou du Gobemouche gris, ou le tunnel d'une Hirondelle de rivage; elle niche exceptionnellement à ciel ouvert dans un buisson ou un arbre, voire à l'intérieur de la plateforme d'un Blongios nain ou d'un Héron cendré. D'autres exemples de la diversité des emplacements du nid sont celui d'un couple nichant à l'intérieur d'une lanterne en juin 1913 à Witzwil/Ins BE, ou d'un autre qui a niché avec succès au printemps 1952 à Monthey VS sur le chariot d'un palan monorail mobile, se déplaçant sur une distance de 36 m 300-400 fois par jour ! Le nid est souvent situé à proximité de l'eau, mais peut aussi en être très éloigné. La construction a rarement lieu avant mi-mars, surtout début avril, et dure généralement 4-7 jours. Les 5-6 (3-9) oeufs sont pondus entre mi-avril et début mai, une 2e ponte ayant généralement lieu entre mi-mai et fin juin et rarement une troisième en juillet et début août. La couvée la plus hâtive est celle de 5 jeunes s'envolant entre le 12 et le 15 avril 1961 à Yverdon VD, ce qui situe le début de la ponte vers mi-mars ; les derniers jeunes quittent le nid en août, au plus tard 3 jeunes le 9 septembre 1965 à la retenue de Niederried BE ; 4 jeunes volants étaient encore nourris le 25 septembre 1965 à la retenue de Niederried. L'incubation, par la femelle surtout, débute avec la ponte du dernier oeuf; la durée d'incubation est de 12-14 jours et les jeunes quittent le nid à l'âge de 13-14 (11-16) jours, après quoi ils sont encore nourris par les adultes pendant 4-11 jours. Des pontes mixtes avec d'autres espèces se produisent parfois, par exemple avec le Merle noir ou le Rougequeue à front blanc. L'adoption de 5 poussins de Rougequeues noirs par un couple de Bergeronnettes grises mi-mai 1997 à Ruswil LU s'est faite au détriment de ses propres rejetons48. L'espèce est régulièrement l'hôte du Coucou gris. Les couvées sont parfois parasitées par un diptère (Protocalliphora avium), qui peut provoquer l'abandon. Au Toggenburg SG, le rayon d'action d'un couple était de 4.5 ha en moyenne. Les densités atteignent 4.5 couples/10 ha sur 22 ha de paysage très structuré du Haut-Emmental BE ; sur 6 km2 à Noville VD, 14-16 couples ont été recensés. Les carrés d'atlas (1 km2) abritant plus de 10 territoires ne représentent toutefois que 8% de l'ensemble en 1993-96. Cette espèce peu exigeante ne paraît actuellement pas menacée. |
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