Bécassine double mâle paradant, Bière VD, 12 mai 2019. Lionel Maumary. La Bécassine double a une aire de nidification relativement restreinte de la Scandinavie à la plaine de Sibérie occidentale. Avec environ 16'000 couples, la Biélorussie héberge 60 % de la population européenne. Toute la population hiverne en Afrique sub-saharienne jusqu'en Afrique du Sud. La Suisse est à la limite occidentale de l'aire migratoire de l'espèce : elle est apparue principalement dans les régions basses du Plateau à l'est de Bienne BE, notamment dans la plaine de l'Aar BE/SO où 4 observations sont connues après 1980 et au delta du Rhin A, où 3 données ont été homologuées dans la même période. Depuis 1987, elle est apparue à 4 reprises dans les Alpes, dont une fois dans la plaine du Rhône en Valais et 3 fois en Haute-Engadine GR, aux abords d'un aérodrome à plus de 1'700 m d'altitude ! L'espèce étant très fidèle à ses sites d'escale, il n'est pas exclu que ces dernières données concernent le même individu. Dans les pays limitrophes, on connaît 250 données en France au XXe siècle, dont 194 obtenues de 1969 à 1980 grâce aux collectes effectuées dans les milieux cynégétiques et 23 observations de 1981 à 1998 ; en Allemagne, 19 observations ont été enregistrées de 1983 à 1993. Jusqu'au début du XXIe siècle, les 11 données en migration postnuptiale sont comprises entre le 12 août et le 29 octobre, dont 5 en octobre, les 10 de printemps entre le 9 avril et le 4 juin, dont 5 dans la première moitié de mai. Dans la première moitié du XXe siècle, l'espèce était certainement plus fréquente que la liste des observations homologuées ne le laisse paraître. Etant donné sa rareté et la difficulté de la distinguer de la Bécassine des marais, la Commission de l'avifaune suisse a révisé toutes les données de Bécassine double et n'a retenu des cas antérieurs à 1984 que celles étayées par un spécimen ou une capture. Sur 37 cas connus en 23 années de 1950 à 1983, seuls 4 ont été homologués. On connaît 8 observations pour les années huitante, dont 5 en 1987, et 4 pour les années nonante, dont 3 en 1995. Sur les rives limitrophes du lac de Constance, il existe 10 données homologuées de 1900 à 1980 et 3 de 1981 à 1995. La Bécassine double niche dans les marécages boisés jusque dans la taïga et la toundra côtière. Polygames, les mâles se regroupe au coucher du soleil sur des arènes pour se livrer à des danses, bombant le torse et exhibant les coins blancs de leur queue. En migration en Suisse, elle fait escale dans les champs inondés ou labourés, au bord des lacs et des étangs possédant une ceinture de végétation palustre ou herbacée, friches, terrains d'exercice militaire, aérodromes, souvent dans des terrains plus secs que la Bécassine des marais. Le sol doit cependant être suffisamment meuble pour qu'elle puisse accéder aux lombrics, larves d'insecte et autres invertébrés enfouis dont elle se nourrit par sondage tactile, parfois aussi en picorant à la surface. Les données récentes concernent toutes des oiseaux isolés, mais de petits groupes comptant jusqu'à 3 individus ont été observés au XIXe siècle. Les migrateurs ne s'arrêtent généralement pas plus d'une journée, mais à deux reprises 4 jours au printemps. Contrairement à la Bécassine des marais, la Bécassine double est généralement silencieuse à l'envol, proférant tout au plus quelques grognements étouffés. La Bécassine double a régressé drastiquement dans toute son aire de nidification aux XIXe et XXe siècles. Entre 1850 et 1900, l'espèce a disparu d'Allemagne, du Danemark, de Finlande, des plaines de Suède et du sud de la Norvège, d'une grande partie de la Pologne et du sud de la Russie. Les grands groupes ont été observés en Russie jusqu'au milieu du XXe siècle ; la population mondiale est actuellement estimée à 170'000-290'000 « couples ». Les raisons de ce déclin généralisé résident principalement dans le drainage des marais pour l'agriculture et la chasse excessive ; la Bécassine double est encore chassée en Europe de l'Est. Références Klaassen, R.H.G., T. Alerstam, P. Carlsson, J.W. Fox & Å. Lindström (2011) : Great flights by great snipes: long and fast non-stop migration over benign habitats. The Royal Society. Lindström, Å., T. Alerstam, P. Bahlenberg, R. Ekblom, J. W. Fox, J. Råghall & R. H. G. Klaassen (2015) : The migration of the great snipe Gallinago media: intriguing variations on a grand theme. Journal of Avian Biology. Marques, D.A., M. Thoma & F. Schneider (2015) : Oiseaux rares et observations inhabituelles en Suisse en 2014. 24e Rapport de la Commission de l'avifaune suisse. Nos Oiseaux 62 : 155-174 – 2015 Martinez, N. & L. Maumary (2016) : Oiseaux rares et observations inhabituelles en Suisse en 2015. 25e rapport de la Commission de l'avifaune suisse. Nos Oiseaux 63 : 243-257. Maumary, L., L. Vallotton & P. Knaus (2007) : Les oiseaux de Suisse. Station ornithologique suisse et Nos Oiseaux, Sempach et Montmollin. Piot, B. & L. Vallotton (2012) : Seltene Vogelarten und ungewöhnliche Vogelbeobachtungen in der Schweiz im Jahre 2011. 21. Bericht der Schweizerischen Avifaunistischen Kommission. Ornithol. Beob. 109 : 249-276. |
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