Depuis le 17 août, une troupe de 15 Pluviers guignards adultes ont fait escale dans la plaine de la Broye près de Grandcour. Cet oiseau montagnard est rarement observé en plaine, surtout à ces dates précoces. L’espèce est aussi exceptionnellement observée en si grand nombre. L’aire de nidification du Pluvier guignard s’étend principalement de l’Ecosse à travers la Scandinavie et l’extrême nord de la Sibérie jusqu’à la péninsule des Tchouktches (Russie); des populations isolées se reproduisent çà et là sur certaines montagnes des Pyrénées, des Alpes, des Abruzzes, des Balkans, des Sudètes, des Carpates, du Caucase, de l’Oural, de Mongolie et d’Asie centrale. La zone d’hivernage est entièrement comprise dans une étroite bande entre le Maroc et le golfe Persique, ce qui impose un trajet d’au moins 10'000 km pour les populations de Sibérie orientale. En dehors des Alpes et du Jura, qui accueillent principalement des oiseaux d’origine scandinave, des migrateurs sont régulièrement observés en France sur les plateaux arides de Provence, dans les Causses et en Crau notamment. En Suisse, le Pluvier guignard peut être rencontré en migration postnuptiale dans les Préalpes et les Alpes entre 2'000 et 3'000 m d’altitude (65 % des données, 1950-2003) et sur les sommets dénudés du Jura autour de 1'600 m (23 % des observations dont 91 % au Chasseral BE et au Suchet VD). Les observations de plaine, plus rares (11 % des observations), concernent en règle générale des oiseaux hâtifs au printemps ou attardés en automne, contraints par la neige ou le froid à descendre aux basses altitudes. Les sites d’escale traditionnels dans les Alpes sont le Cassonsgrat GR, la Silberen SZ et le Hohgant BE, et dans le Jura le Chasseral BE, le Suchet VD, le Mont-Tendre VD et le Mont-d’Or F. La migration d’automne (98 % des observations, 1985-2003) débute mi-août avec le passage des adultes (notamment des femelles qui partent avant les mâles), culminant dans la dernière décade de ce mois ; les jeunes suivent 15 jours plus tard. Le passage décline brusquement fin septembre, pour ne laisser que quelques attardés en octobre et novembre. Les données de novembre se situent toutes aux basses altitudes; il est possible qu’il s’agisse là de migrateurs sibériens. La migration de printemps, à peine perceptible en Suisse, s’étale de début avril à début juin. La rareté du Pluvier guignard au printemps s’explique en partie par le fait qu’il survole l’Europe centrale pratiquement sans escale, ses sites d’escale privilégiés en montagne étant encore recouverts de neige à cette période. |
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