Goéland d'Audouin adulte, Ouchy-Lausanne VD, 30 juillet 2022. Lionel Maumary. Le Goéland d'Audouin ne niche que sur quelques îlots de Méditerranée, aux Baléares et au delta de l'Ebre (Espagne), aux îles Chafarines au large du Maroc, en Corse, en Sardaigne et sur l'archipel Toscan I, en mer Egée et à Chypre, ainsi que sur certaines îles le long des côtes de la Turquie et du Maghreb. L'effectif global n'est que d'environ 19'200 couples. En hiver, il se disperse jusque sur la côte atlantique africaine, au sud jusqu'en Sénégambie. En Suisse, 14 individus ont été observés, la première donnée datant de 1956 à Yverdon. Avec les données d'un adulte du 4 au 9 novembre 1993 en Moravie (République Tchèque), d'un adulte en Allemagne le 16 juillet 1997 dans la baie d'Helgoland et d'un oiseau 3 a.c. le 1er mai 2003 en Zélande (Pays-Bas), les observations helvétiques sont les seules en Europe centrale. Les 3 juvéniles observés sur le Léman sont remontés depuis la Méditerranée occidentale, probablement en suivant un groupe de Goélands leucophées pendant la dispersion postnuptiale et juvénile. Un oiseau bagué comme poussin au nid le 20.6.2001 sur l'île Pianosa (Toscane I) a été observé les 16/18.8.2001 au Port de Séchex/Margencel F et au milieu du Léman, entre Allaman VD et Thonon F, 518 km au N. Un autre individu 3 a.c., observé aux Grangettes VD du 14 au 16 mai 2020 et dans la plaine de Magadino TI du 28 au 31 mai 2020, avait été bagué comme poussin le 17 juin 2018 à Petrovac, Lastovnjaci, Croatie, 892 km au sud- est des Grangettes. Il a entre-temps été observé le 13 janvier 2019 à la lagune de Sidi Moussa au Maroc, 1'900 km au sud-ouest des Grangettes. Parallèlement à la colonisation de nouveaux îlots en mer Egée, en Espagne et en Italie, la population s'est fortement accrue à la fin du XXe siècle: en 1966, la population mondiale était estimée à 800-1'000 couples, mais en 1993, on en recensait 15'600 en 30 colonies. L'accroissement de la colonie du delta de l'Ebre (Espagne) a été particulièrement spectaculaire, l'installation de 36 couples en 1981 amorçant une progression fulgurante pour atteindre 4'200 couples en 1989, 10'300 en 1995 et 10'500 en 2000. Presque exclusivement pélagique, le Goéland d'Audouin vit en Méditerranée tout au long de l'année, pénétrant marginalement dans l'Atlantique hors de la saison de reproduction. Diurne et nocturne, il est grégaire et se nourrit principalement de petits poissons (sardines Sardina pilchardus notamment) ainsi que d'invertébrés aquatiques, capturés juste sous la surface de l'eau. Sa technique de pêche la plus caractéristique consiste à cercler à faible hauteur en vol de reconnaissance puis, une fois sa proie repérée, à descendre au ras de l'eau en planant, les pattes pendantes touchant presque la surface, avant de plonger obliquement la tête sous l'eau, le plus souvent sans interrompre son vol. La pêche a non seulement lieu de jour mais aussi de nuit, lorsque les pêcheurs attirent les sardines à l'aide de lampes ou à la lueur de la lune. Il sait aussi profiter de la panique des bancs de petits poissons sautant hors de l'eau, fuyant des prédateurs subaquatiques tels que les dauphins notamment. L'espèce s'est récemment tournée vers l'exploitation des déchets de chalutage, qui constituent actuellement sa ressource principale en Espagne notamment; les deux oiseaux observés sur le Léman suivaient les bateaux pour glaner les déchets de poisson. L'espèce fréquente de plus en plus souvent les décharges ainsi que les marais et les rizières. Les micromammifères, passereaux, lézards et insectes sont occasionnellement capturés, et les aliments végétaux tels qu'olives et graines constituent localement une part importante du régime alimentaire. Hors de la saison de reproduction, le Goéland d'Audouin est généralement silencieux ou cacarde un peu comme une oie lors d'interactions. Autrefois en danger, l'espèce a connu une véritable explosion démographique, notamment en Espagne, grâce à la protection des colonies de reproduction et suite à la modification comportementale conduisant à l'exploitation systématique des déchets de chalutage. Le Goéland d'Audouin demeure vulnérable en raison de son confinement extrême, trois quarts de la population étant concentrés en deux colonies espagnoles, avec environ 10'500 couples au delta de l'Ebre et 4'000 aux îles Chafarines au large du Maroc; la Grèce compte 750-850 couples, l'Italie 550-650, l'Algérie 500-600, la Tunisie environ 70, le Maroc environ 50, la France 78 (en Corse), la Turquie 20-50 et Chypre 10-20 couples. La dépendance croissante envers les chalutiers ainsi que la concurrence et la prédation exercées par le Goéland leucophée en expansion constituent les principales menaces pesant sur l'espèce; le développement touristique, la prédation par le Renard roux Vulpes vulpes et les chiens sont également des facteurs négatifs. |
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