Photo: Mathieu Bally Typique des climats chauds, l’Ibis falcinelle est disséminé dans le sud-est de l’Europe, des Balkans à la Turquie et le long du Danube en Roumanie, où niche la plus grande population européenne, puis au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Inde. D’autres populations nichent en Indonésie, en Australie, en Afrique tropicale, en Amérique du Nord et aux Antilles, que l’espèce a atteintes vers 1880. L’espèce a niché occasionnellement sur la côte méditerranéenne en Espagne et en France ainsi qu’en Italie dans la plaine du Pô et en Sardaigne. La grande majorité des oiseaux hivernent en Afrique tropicale, mais certains demeurent sur le pourtour méditerranéen. Un oiseau bagué au bord de la mer Caspienne au delta de la Volga (Russie) et deux autres bagués au bord de la mer d’Azov (Ukraine) ont été repris dans le nord de l’Italie, indiquant un mouvement orienté à l’ouest. L’Ukraine héberge le noyau de la population du Paléarctique occidental avec plus de 6’000 couples, ce qui représente 75 % de la population européenne. En Suisse, c’est un migrateur dans les marais du Plateau et aux Bolle di Magadino, les seules données à l’intérieur des Alpes étant celles du 8 septembre 1922 à Mazembroz VS, du 1er octobre 1992 à Monthey VS et d’un individu franchissant le col de Bretolet le 27 septembre 1968. Au XXe siècle, il existe 43 données helvétiques et 19 sur les rives autrichienne et allemande du lac de Constance ; les sites les plus fréquentés par l’espèce sont le Fanel NE/BE et la région du Seeland BE, Chavornay VD, la retenue de Klingnau AG et les Grangettes VD. Les 26 observations en migration postnuptiale se situent entre le 15 août et le 28 novembre, dont 13 en octobre. Au printemps, les 17 données se situent entre le 22 avril et le 29 juin, dont 10 en mai. Un oiseau a exceptionnellement séjourné du 25 septembre 1960 au 10 octobre 1961 à Villeneuve. La diminution du nombre d’observations en Suisse est le reflet d’un déclin généralisé en Europe: au delta du Danube par exemple, la population est passée de 12’000 couples en 1976-77 à 2’000 couples au maximum en 1995; en Suisse, le dernier groupe comptant plus de 3 individus a été observé en 1970. Un petit afflux a eu lieu en 1996, avec 8 observations concernant au moins 10 individus en Suisse et sur les rives limitrophes du lac de Constance. L’Ibis falcinelle fait escale dans les marais, au bord des étangs et des lacs bordés de roseaux ou dans des champs inondés. Diurne et grégaire, il se nourrit principalement d’invertébrés terrestres ou aquatiques, aussi de petits vertébrés tels que poissons, amphibiens, reptiles, capturés en marchant dans la végétation ou dans l’eau, en enfonçant son bec dans la vase ou en plongeant la tête sous l’eau. On le encontre généralement isolément ou par paires, exceptionnellement en groupes de 3-5 individus ou plus. Les migrateurs ne restent guère plus d’une journée, parfois jusqu’à 4 semaines, au même endroit. L’espèce est généralement silencieuse hors de la saison de reproduction, mais les individus en groupe émettent divers croassements et grognements « graa graa graa ». Le déclin à grande échelle de l’Ibis falcinelle en Europe orientale est principalement dû à la destruction de ses habitats, à la pollution de l’eau et à la persécution humaine. |
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