Le 10 août 2011 à 14h50 à Grancy VD, Arlette Berlie photographie un faucon indéterminé, qui s'avèrera – non sans quelques délibérations – être un jeune Faucon d'Eléonore. Les caractéristiques permettant d'identifier l'espèce avec certitude sont notamment le fort contraste entre les couvertures sous-alaires sombres et les rémiges plus pâles, la forme des taches sur les flancs et les barres très régulièrement espacées de la queue. Il s'agit ici d'un juvénile de forme sombre n'ayant pas encore mué (ce qui est inhabituel car les jeunes muent normalement pendant leur 1er été). Les longues ailes et la longue queue sont des caractéristiques moins marquées chez un jeune que chez un adulte. Seuls 15% des oiseaux sont de forme sombre. Le Faucon d'Eléonore niche exclusivement sur les îles de la Méditerranée et ponctuellement sur les côtes atlantiques du Maroc et aux Canaries, avec une population mondiale ne dépassant pas 5'000 couples. L'espèce hiverne en Afrique orientale et en particulier à Madagascar. En France, le Faucon d'Eléonore est surtout observé sur le pourtour de la Méditerranée (Var, Aude, Alpes-Maritimes, Pyrénées-Orientales et Camargue), mais des oiseaux ont été signalés dans les Pyrénées-Atlantiques et jusque dans le Nord et le Finistère. L'espèce a niché dans les îles d'Hyères jusqu'au XVIIe siècle au moins. Il a disparu au XIXe siècle et n'a pas été signalé en France de 1886 à 1952. Depuis cette date, la fréquence des observations a augmenté, n particulier après 1980 (plus de 85% des observations). Les observations en France ont lieu de mai à octobre, avec un pic à mi-août. L'adaptation du Faucon d'Eléonore, spécialisé sur la chasse des oiseaux en migration active au-dessus de la mer, implique une nidification tardive, au mois de septembre, afin de profiter du déferlement automnal des passereaux. Cette espèce maritime ne s'égare que très rarement à l'intérieur du continent européen, et on l'attendait encore moins dans notre pays alpin ! |
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