Etant le seul canard reconnaissable individuellement dans les groupes de Fuligules morillons, il a mis en évidence les importants déplacements nycthéméraux de ces derniers, qui regagnent une fois la nuit tombée les hauts-fonds recouverts de moules en parcourant souvent plusieurs dizaines de kilomètres par jour. En date du 15 janvier 2021, les distances minimales parcourues totalisent 155 km (plus de 500 km pendant l'hiver 2019/20). Contrairement à l'hiver passé, cette Harelde semble préférer la sécurité que lui procure le port d'Ouchy et y séjourne plus longuement qu'aux Grangettes. Il est possible que la tentative de capture par des Goélands leucophées, qui se sont spécialisés sur la prédation de Fuligules morillons aux Grangettes, joue un rôle. D'autre part, l'étang des Communailles, situé en amont des Grangettes et où il séjournait longuement auparavant, est en grande partie gelé. Toujours est-il qu'il est devenu de plus en plus confiant, offrant un spectacle inoubliable aux observateurs et photographes venus de la Suisse entière, voire de plus loin, pour l'admirer. Il est particulièrement démonstratif lors de ses longues séances de toilettage avec lissage de ses longues plumes, dressé sur l'eau après un bain énergique éclaboussant les fuligules, plongeant en effectuant des tonneaux sous l'eau avant de sauter sur une bouée, comme il l'aurait fait sur un Bourguignon au pays de glace qui l'a vu naître. L'Harelde a une distribution circumpolaire. Elle niche au Groenland, en Islande, au Svalbard, en Scandinavie et au bord de l'océan arctique en Sibérie, en Alaska et au Canada. Une population isolée niche sur les côtes de la Baltique, dans le golfe de Finlande et dans celui de Botnie. Avec 7'500-14'000 couples, la population scandinave est très petite comparativement à celle du nord-ouest de la Sibérie, qui compte plus de 4'500'000 d'individus. L'espèce hiverne sur les côtes du nord et de l'ouest de l'Europe, ainsi que sur la côte atlantique de l'Amérique du Nord et de part et d'autre du Pacifique. Les côtes de la Baltique accueillent 90% de la population européenne en quelques énormes concentrations pendant l'hiver, le reste se distribuant sur les côtes de la mer du Nord, du nord de la France et des île Britanniques ainsi que sur celles d'Islande. Seul un très petit nombre hiverne à l'intérieur du continent européen (voir aussi la chronique du 3 février 2020 : https://oiseaux.ch/index.php?nav=chronique&zeid=219#article_219).
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