Cette jeune Grande Aigrette née en Hongrie (1), apparemment en pleine forme, photographiée par Pascal Rapin le 3.8.2013 à Chevroux VD (2), sera retrouvée morte le lendemain à la Göscheneralp UR (3). La sous-espèce nominale de la Grande Aigrette niche sporadiquement dans l'est de l'Europe puis de manière plus large et continue jusqu'en Asie centrale, trois autres sous-espèces habitant la moitié sud de l'Asie, l'Australie, l'Afrique sub-saharienne, l'Amérique du Sud et du Nord. La population du Paléarctique occidental hiverne principalement autour de la Méditerranée et de la mer Noire, certains oiseaux traversant le Sahara pour atteindre la ceinture sahélienne ; un nombre croissant hiverne en Europe centrale. L'Ukraine héberge 2'500 couples, soit 70 % de la population européenne. En Suisse, c'est un migrateur et hivernant localisé au bord des lacs du Plateau, depuis 1990 également au Tessin et dans le Jura. La région la plus visitée est la rive sud du lac de Neuchâtel, avec le grand marais du Seeland BE et la plaine de l'Orbe VD adjacents, qui hébergent presque tous les hivernants. Au lac de Constance, 57 % des observations proviennent du Wollmatinger Ried D et 18 % du delta du Rhin A. La Grande Aigrette reste rare dans le bassin lémanique, où elle s'arrête surtout aux Grangettes VD et à l'Etournel F, et il n'existe aucune donnée à l'intérieur des Alpes. La première nidification helvétique a été prouvée en 2013 dans la Grande Cariçaie. La phénologie des observations en Suisse correspond typiquement à celle d'un hivernant, avec un pic automnal suivi d'une diminution lente et régulière jusqu'à la fin du printemps. Les premiers oiseaux arrivent à fin août, leur nombre augmentant régulièrement en septembre pour culminer dans la première moitié d'octobre. La majorité des migrateurs continuent probablement leur route jusqu'au bord de la Méditerranée, en Camargue et au delta du Pô notamment. Une tradition d'hivernage s'est instaurée dès l'hiver 1993/94 sur la rive sud du lac de Neuchâtel, impliquant un nombre croissant d'individus au début du XXIe siècle. Les hivernants s'en vont en mars ou avril, des migrateurs étant encore observés pendant le mois de mai, plus rarement en juin. L'espèce n'a que très rarement été vue en juillet. L'espèce a subi un déclin drastique au cours du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe, en raison de la commercialisation de ses plumes. Depuis 1965, elle a commencé à se rétablir et à coloniser de nouveaux sites de nidification en Europe, dans le nord jusqu'en Lettonie, à l'ouest jusqu'aux Pays-Bas, en Camargue, en Sologne et en Loire-Atlantique (France). Entre 1900 et 1971, seules 15 données ont été enregistrées en Suisse, après quoi l'espèce a été observée chaque année. L'augmentation exponentielle constatée depuis 1994, l'hivernage devenant régulier dès l'hiver 1993/94 en Suisse et sur les rives du lac de Constance, est à mettre en relation avec la progression en Hongrie et en Autriche, au lac de Neusiedl notamment, où l'effectif nicheur est passé de 174 couples en 1991 à 554 en 1994. Diurne, la Grande Aigrette recherche les eaux calmes et peu profondes bordées de grandes roselières, où elle pêche des poissons et des batraciens. Elle chasse aussi volontiers les micromammifères ou les invertébrés à l'affût dans les champs, à l'instar du Héron cendré. Elle passe la nuit et niche dans les roseaux, rarement sur des arbustes au bord de l'eau. On la rencontre généralement isolément ou en petits groupes lâches, les concentrations de plus de 50 individus ne se produisant que dans la région du Fanel BE/NE. L'espèce est généralement silencieuse hors des sites de nidification. Le retour du plus grand des hérons est l'une des réussites remarquables de la protection des oiseaux en Europe. La protection des milieux humides et l'arrêt de la chasse lui a permis de reconstituer ses effectifs et de recoloniser l'Europe occidentale. La Grande Cariçaie de la rive sud du lac de Neuchâtel a acquis récemment une grande importance pour l'hivernage de la Grande Aigrette. L'espèce ne semble plus menacée aujourd'hui. *INFO METEO: De l'air très chaud en provenance d'Afrique du Nord a permis aux températures d'être supérieures à 30 degrés au début du mois d'août. Dans le courant de l'après-midi du 2 août, le ciel a changé de couleur. En effet, le courant du sud-ouest avait entraîné des particules de sable du Sahara. Ces vents qui ont forci en altitude étaient annonciateurs d'un changement imminent de masse d'air.En effet, le 3 août en soirée, une faible perturbation a traversé le Nord des Alpes d'ouest en est. De nombreux orages ont éclaté dans les Alpes. Une étroite bande de grêle s'est décalée de Reichenbach/BE à Zoug en passant par le lac de Brienz et Lucerne. |
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