Gravelot à collier interrompu femelle baguée jaune ADL. Préverenges, 11 avril 2015, L. Maumary. Le Gravelot à collier interrompu est représenté par 5 sous-espèces à travers l’Ancien Monde et l’Amérique du Nord ainsi que sur la côte pacifique de l’Amérique du Sud. La sous-espèce nominale niche sur les côtes de la mer du Nord, les îles (Açores, Canaries et Madère) et les côtes atlantiques de la Bretagne (France) au Sénégal, sur le pourtour méditerranéen, à l’intérieur du continent du pourtour de la mer Noire à travers l’Asie centrale jusqu’au nord-est de la Chine et l’Extrême-Orient russe, ainsi que du nord-est de l’Afrique à l’ouest de l’Inde. Avec respectivement environ 5'000 couples, l’Espagne et l’Ukraine hébergent 60 % de la population européenne. De petites populations isolées à l’intérieur des terres en Espagne, dans l’est de l’Autriche, en Hongrie et en Vojvodine (ex-Yougoslavie) peuvent être considérées comme relictuelles. La population paléarctique hiverne au sud jusqu’en Afrique sub-saharienne, le sud de l’Asie et l’Indonésie. Les zones d’hivernage les plus importantes pour les populations d’Europe occidentale sont l’ouest de la Méditerranée (Espagne et Tunisie) et les côtes atlantiques de la Mauritanie et de Guinée-Bissau ; un petit nombre hivernant en Europe. En Suisse, l’espèce fait escale sur les rives des plus grands lacs du Plateau, la majorité des données provenant du Chablais de Cudrefin VD, des Grangettes VD, de Préverenge VD, d’Yverdon VD, de la retenue de Klingnau AG et du delta du Rhin (Autriche). La migration postnuptiale, très discrète, dure de juillet à octobre ; un individu a exceptionnellement séjourné du 7 octobre au 17 décembre 1967 à Yverdon VD. La migration de printemps débute en avril, exceptionnellement à fin mars déjà, culmine en mai et se termine à début juin. La grande majorité des oiseaux (83 %) sont observés au printemps ; le pic migratoire s’est avancé de 3 semaines entre 1990-94 et 1995-99, se situant actuellement à fin avril-début mai. Les migrateurs se raréfient depuis les années huitante : dans les sites régulièrement recensés comme à Préverenges VD, 11 individus ont été observés de 1950 à 1975 contre 6 de 1976 à 2001 et au lac de Constance, où l’on compte 89 données de 124 individus de 1981 à 1995, le nombre d’oiseaux observés à pratiquement diminué de moitié par rapport à la période 1960-1980. Cette évolution s’explique par la régression des effectifs nicheurs sur les côtes de la mer du Nord, d’où proviennent probablement la majorité des oiseaux observés en Suisse. Le Gravelot à collier interrompu est inféodés aux côtes maritimes, mais colonise aussi les plages bordant les lagunes et lacs salés à l’intérieur des terres. Il vit presque exclusivement sur les étendues de sable ou de boue séchée plates et dénuées de végétation, évitant les zones rocailleuses ou accidentées. En migration en Suisse, il fait généralement escale sur les bancs de sable, les îlots, les vasières et les grèves exondées bien dégagées, rarement dans les champs cultivés. Diurne, le Gravelot à collier interrompu se nourrit d’invertébrés picorées à vue et fréquemment aussi en tremblant du pied pour débusquer des proies enfouies dans le sable. Les migrateurs font escale parfois pendant quelques jours au même endroit, les séjours pouvant durer jusqu’à 3 semaines, aussi au printemps. Bien que grégaire, cette espèce est généralement observée isolément ou par petits groupes de 2-4, au maximum 6 individus. L’espèce décline partout en Europe, principalement en raison des dérangements humains, la chasse, l’urbanisation croissante des plages et la prédation par les animaux domestiques. En France par exemple, le Gravelot à collier interrompu était abondant au XIXe siècle et n’a cessé de se raréfier au XXe siècle jusque vers 1980 ; au Danemark, la population est passée de 136 couples en 1940 à 28-33 en 1990 ; en Allemagne, la population confinée à la mer de Wadden comptait 567 couples en 1990 et 469 en 1991 ; aux Pays-Bas, on recensait au moins 1'000 couples entre 1900 et 1940 et plus que 435 en 1992. L’espèce a disparu d’Angleterre et du sud de la Norvège. On estime le déclin en Europe à 25-50 % depuis 1950. |
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