Faites doucement, nous sommes convalescents», indique une pancarte à l'entrée. C'est donc sur la pointe des pieds que nous entrons dans la Volière, un centre de soin pour oiseaux sauvages. Tel un médecin avant sa tournée, le responsable Stanley Maumary est déjà bien affairé. «Je suis à vous tout de suite, je vais chercher les deux oiseaux qu'on m'a amenés ce matin.» A l'extérieur, dans un meuble composé de casiers de différentes tailles sont déposés deux cartons que Stanley Maumary s'empresse de ramener à l'intérieur. Du premier, il sort un petit oiseau vert qui présente une plaie à la tête. Visiblement, il a été agressé par un chat. Stanley lui administre quelques gouttes d'antibiotique. «Les chats hébergent tellement de bactéries qu'un oiseau qui s'est fait attraper risque fort une septicémie. Même en lui donnant rapidement un antibiotique, ses chances de s'en sortir ne sont que de 25%.» Dans le second carton se trouve un pigeon. «Cela peut sembler idiot de sauver ces oiseaux, alors qu'en ville on cherche à les éradiquer. Mais ce sont souvent des personnes âgées qui nous les amènent et elles comptent parmi nos plus fidèles donateurs. Sauver des pigeons permet donc indirectement de sauver des oiseaux plus rares.» Car le budget de la Volière est très serré. Association à but non lucratif, elle est financée par des dons privés. Sans blessure apparente, le pigeon est mis en observation dans une volière. Les premiers soins donnés aux nouveaux arrivés, la visite quotidienne peut commencer. Il s'agit tout d'abord de nourrir six bébés merles affamés. Serrés les uns contre les autres dans un concert de piaillements, ils ouvrent tout grand leur bec pour mieux gober les lamelles de viande rouge que Stanley leur propose. A la fin du printemps, période des naissances, la Vaux-Lierre reçoit de nombreux poussins tombés du nid. L'équipe de soin se charge de veiller à leur croissance jusqu'à ce qu'ils soient assez grands pour se débrouiller tout seuls. Une entreprise exigeante puisque les poussins demandent la becquée toutes les heures. Dans la cage voisine, trois paires d'yeux orange nous dévisagent. Ces bébés hiboux moyens dues encore tout duveteux ont un peu moins d'un mois. Recueillis séparément, ils forment à présent une fratrie recomposée. Craintifs, ils gonflent leur plumage et sifflent si l'on cherche à s'en approcher. «C'est vraiment gratifiant de sauver ainsi des animaux», s'enthousiasme Stanley. Cet ancien ingénieur du son est un grand passionné de la nature. Il s'est découvert une fibre ornithologique lorsqu'il a été appelé à s'occuper de la Vaux-Lierre, il y a six ans. «Les poussins vont rester trois à quatre semaines dans cette cage, puis on les mettra dans une volière plus grande pour qu'ils apprennent à voler. Ensuite on y introduira des souris de notre élevage pour permettre à leur instinct de chasseurs de se développer. On les relâchera dès qu'ils seront suffisamment émancipés.» A côté, une chouette hulotte, arrivée elle aussi toute petite après une chute de son nid, fixe le visiteur de ses yeux noirs. Aujourd'hui elle sera transférée dans une volière. Stanley vérifie que le corps et les plumes du rapace nocturne grandissent bien. «Il arrive qu'un poussin soit éjecté du nid par ses parents qui ont vu qu'il avait une malformation, ce que nous mettons plus de temps à détecter. Récemment nous avons constaté qu'une de nos chouettes était aveugle.» Heureusement, tout a l'air en ordre et la voilà qui volette jusqu'au grillage de son nouvel espace. «Pas mal pour un premier essai», constate Stanley avec admiration. Le téléphone sonne. Quelqu'un vient aux nouvelles d'un oiseau qu'il a amené au centre. «Malheureusement l'oiseau n'a pas survécu, répond Stanley, il est mort trois jours après que vous l'avez trouvé.» Le responsable de la Volière ne cache jamais la vérité aux personnes qui appellent. Près de 50% des oiseaux amenés ne survivent pas. «Il faut bien comprendre que pour qu'un oiseau sauvage se laisse attraper, il doit vraiment être très mal en point.» Malgré tout, ce ne sont pas loin de 600 oiseaux qui sont relâchés chaque année dans le ciel d'Etoy. Ce matin, c'est un milan noir qui va retrouver sa liberté. «Vous pouvez poser votre bloc-notes deux minutes? C'est vous qui allez le lâcher», dit Stanley, heureux de faire partager sa passion. Intense, le moment ne dure qu'un instant. La main s'entrouvre à peine que l'oiseau a déployé ses ailes et vole déjà au loin. «Bon vent», lui souhaite Stanley tout sourire. Stanley Maumary, le responsable de la Volière, et son équipe a accueilli près de mille oiseaux malades ou blessés en 2006. Sur cette photo prise mercredi dernier, il pose avec un milan. Que faire devants un oiseau blessé ? Si l'oiseau est encore un poussin, bien observer autour de soi: Il est possible que ses parents ne soient pas loin et qu'il soit juste en train d'apprendre à voler. Si l'on décide d'intervenir, mettre le poussin dans un carton et l'amener dans un centre d'accueil tel que la Vaux-Lierre. Si on ne peut pas le transporter tout de suite, le nourrir toutes les heures d'une lamelle de viande rouge crue et bien fraîche. Ne pas lui donner à boire, l'eau contenue dans la viande suffit à l'hydrater. Marche à suivre avec tous les oiseaux: Attraper l'oiseau avec un morceau de tissu ou un linge. Le déposer dans un carton percé de quelques trous. Ne pas le mettre dans une cage, le fait d'être visible sans pouvoir s'enfuir est source de stress pour lui. Ne pas lui donner à boire ni des médicaments. Le transporter au plus vite dans un centre de soins. |