Photo: LM, France limitrophe (Haute-Savoie) près de Genève Le 1er mars 2010, Vincent Chabloz est intrigué par les Pies bavardes qui houspillent un oiseau dans son jardin à Ecublens. Quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il découvre un Coucou geai adulte ! Cet oiseau a probablement été déporté pendant sa migration par la tempête qui a dévasté la France. Cette espèce méditerranéenne est extrêmement rare en Suisse, et il ne s’agit que de la 2e donnée vaudoise. Essentiellement africain, le Coucou geai n’atteint que très rarement la Suisse, à l’occasion d’une migration printanière prolongée vers le nord au-delà de son aire de nidification méditerranéenne. Il pratique un parasitisme plus spécifique et doux que le Coucou gris : il ne pond ses œufs que dans les nids Pie bavarde, rarement d’autres corvidés, dont les jeunes sont élevés avec ceux du parasite. Avec sa queue étagée d’une longueur disproportionnée, l’espèce est très caractéristique en vol. Seuls des jeunes à calotte noire et rémiges primaires bronzées ont été observés en Suisse. L’adulte se reconnaît à sa calotte grise huppée et ses ailes tachetées de blanc. Le Coucou geai a une distribution morcelée en Afrique sub-saharienne, le long du Nil en Egypte et autour de la Méditerranée. En Europe, il niche du Portugal à la Turquie, atteignant l’ouest de l’Iran au Moyen-Orient. Avec environ 60'000 couples, l’Espagne héberge 99 % de la population européenne, le pour-cent restant étant équitablement réparti entre le Portugal et la France. Toutes les populations hivernent en Afrique, au Maroc notamment, dont le Coucou geai a disparu comme nicheur régulier, mais où des hivernants ou migrateurs pondent parfois. Seuls quelques individus demeurent pendant l’hiver en Espagne, exceptionnellement aussi dans le sud de la France. L’espèce n’est apparue qu’à 12 reprises, 8 sur le Plateau suisse, 4 au bord du lac de Constance et une au Tessin. Sur ces 12 données, la moitié concernent la dispersion postnuptiale, de juin au 5 octobre, l’autre moitié la migration prénuptiale entre le 21 mars et le 3 mai. Dans le sud de la France, les adultes quittent les sites de nidification dès le mois de juin ; les jeunes, au comportement très erratique peuvent y être observés jusqu’en septembre. Le retour des nicheurs a généralement lieu fin février et en mars. Neuf des douze données en Suisse et sur les rives limitrophes du lac de Constance ont eu lieu entre 1967 (première donnée) et 1980, coïncidant avec l’expansion du Coucou geai en France, où l’espèce était accidentelle au XIXe siècle, puis où l’effectif nicheur est passé de 100 couples dans les années quarante à 1'000 dans les années septante. Pendant les années huitante, l’espèce a décliné en France, expliquant probablement la baisse drastique du nombre d’observations en Suisse, avec seulement 3 données entre 1981 et 1991. Depuis 1990, le Coucou geai est à nouveau en expansion au Portugal, en Espagne, en France et en Italie. Le Coucou geai habite les milieux arides semi-ouverts semblables à la savane tels que garrigues, pâtures semi-désertiques entrecoupés de haies, vergers ou de boqueteaux, aussi les boisements clairs de pins ou les marais parsemés d’arbres isolés. Diurne et solitaire, il se nourrit au sol de chenilles velues telles que les processionnaires du chêne Bombyx sp et du pin Thaumetopoea pytyocampa, aussi de divers orthoptères, autres invertébrés terrestres et lézards. Il tape les plus grosses chenilles pour les débarrasser de leurs poils ou de leur poison avant de les avaler. Ses cris sont des séries gutturales descendantes et accélérées « gah-gah-gah…gak-gak-gak…kokoko » rappelant un rire hystérique. L’espèce ne paraît actuellement pas menacée, bien qu’elle soit généralement peu commune dans la majeure partie de son aire de nidification. |
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