Labbe pomarin juvénile photographié le 28 septembre 2014 au large de Lutry VD. L. Maumary. Le Labbe pomarin a une distribution circumpolaire, de la péninsule de Kanin le long des côtes arctiques sibériennes jusqu'à la péninsule des Tchouktches, puis du nord de l'Alaska à travers les Territoires du nord-ouest canadien jusqu'à la côte est du Groenland. Il hiverne sur les côtes des mers tropicales, jusqu'en Afrique du Sud, en Terre de Feu et le sud de l'Australie. La migration s'effectue principalement le long des côtes, mais une partie des migrateurs sibériens traversent le continent pour atteindre la mer d'Oman. En Suisse, l'espèce apparaît occasionnellement sur les plus grands lacs du Plateau, exceptionnellement sur de plus petits plans d'eau. L'unique donnée à l'intérieur des Alpes date du 12 octobre 1834 au col de la Furka VS. La migration postnuptiale se déroule en moyenne un mois plus tard que chez les deux plus petites espèces : les départs des sites de nidification ont généralement lieu en septembre, la le passage culminant en octobre en Europe. En Suisse, les 60 individus répertoriés de 1950 à 2000 se répartissent comme suit : août 7, septembre 18, octobre 19, novembre 10, décembre 5, janvier 1. Le plus long séjour est celui d'un jeune observé du 15 novembre 1997 au 8 janvier 1998 sur le lac de Sempach LU, constituant la première tentative d'hivernage en Europe centrale. Le retour a lieu en mai le long des côtes européennes, mais il n'existe aucune observation printanière en Suisse. Sur 20 adultes observés pour lesquels la couleur du plumage est indiquée, 17 étaient de morphe clair et 3 de morphe sombre. Une femelle adulte observée du 26 septembre au 2 octobre 1999 au milieu du Léman était probablement la même que celle ayant séjourné au même endroit du 11 au 20 septembre 1998. Le Labbe pomarin est le plus rare des trois « petits » labbes traversant le continent, n'étant pas observé chaque année en Suisse. Les fluctuations cycliques des lemmings, dont il se nourrit pendant la période de reproduction, influence grandement le succès de reproduction de l'espèce. Les pullulations de ces micromammifères, qui ont lieu tous les trois ans environ, donnent lieu à des afflux de Labbes pomarins en automne, comme en 1957, 1961, 1976, 1982, 1985, 1988, 1991, 1994 et 1999, coïncidant souvent avec ceux du Labbe à longue queue. Les plus fortes irruptions de 1976 et 1999 ont fourni respectivement 7 et 6 observations en Suisse. Sur le lac de Constance, on connaît 30 données jusqu'en 1981, puis 15 jusqu'en 1998, dont seulement 3 homologuées, la plupart provenant du delta du Rhin. Sur le Léman, une vingtaine de données ont été répertoriées au XXe siècle, en excluant les 150 données totalisant au moins 194 labbes non identifiés de 1946 à 1985 ; en Suisse, 80 % des observations se rapportent à des oiseaux indéterminés. Sur 60 individus signalés en Suisse depuis 1950, 12 ont été recueillis morts ou mourants. Le Labbe pomarin niche dans les marais moussus de la toundra bordant l'océan Arctique et hiverne en mer, au large des côtes tropicales et subtropicales. Son succès de reproduction dépend de l'abondance des lemmings, qu'il est capable d'extraire de leurs terriers en creusant et qui représentent jusqu'à 90 % de son régime alimentaire estival. Hors de la saison de nidification, il se nourrit de poissons, pêchés ou volés (kleptoparasitisme) à l'instar du Labbe parasite, n'hésitant pas à poursuivre des laridés aussi grands que les Goélands leucophées pour les faire régurgiter, ce qui a été observé sur le Léman. Son arrivée provoque la panique chez les mouettes et goélands, qui s'élèvent pour cercler au-dessus de lui. Il tue occasionnellement de petits oiseaux de mer tels que des phalaropes et se nourrit également de charognes. Diurne, il s'observe isolément en Suisse, exceptionnellement par petits groupes de 2-3 individus. Il est généralement silencieux hors de la période de reproduction, mais émet parfois des jappements lors des poursuites. |
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