Bécasseau cocorli juvénile, Salavaux VD, septembre 2008. Pascal Rapin Le miracle des bancs de sable de Salavaux et Yverdon A l’embouchure de la Broye au lac de Morat s’est formé un banc de sable de quelques centaines de mètres carrés suite aux crues de 2007. C’est une véritable aubaine pour les limicoles migrateurs, qui trouvent là un site d’escale adéquat. Les gravelots, bécasseaux et chevaliers, sternes et mouettes s’y sont succédés cet été, avec parmi eux des hôtes prestigieux comme le Bécasseau tacheté et la Mouette de Sabine. Inversement, les hautes eaux du printemps 2007 ont submergé les bancs de sable du Chablais de Cudrefin, qui ont maintenant pratiquement disparu. Ils avaient mis deux décennies pour se former ! A Yverdon, c’est la construction de l’île aux oiseaux qui a favorisé et accéléré les dépôts de sable dans la baie devant le bois des Vernes. Le niveau relativement bas du lac de Neuchâtel cet été a exondé de grandes vasières à cet endroit, permettant l’escale de nombreux limicoles et laridés. On peut espérer, si ce processus continue, le retour du « Grand Yverdon » connu des ornithologues des années 60-70, lorsque de grandes troupes de bécasseaux fréquentaient la zone actuellement comblée entre l’embouchure du Mujon et le canal de la Thièle. A cette époque, on y a observé des espèces extrêmement rares, voire nouvelles espèces pour la Suisse, notamment le Bécasseau de Bonaparte (1ère donnée suisse le 24 octobre 1964), 5 Bécasseaux tachetés, plusieurs Phalaropes à bec large et à bec étroit, le Goéland d’Audouin (1ère donnée suisse le 17 janvier 1956), le Goéland bourgmestre ou la Mouette de Sabine. Mouette de Sabine adulte, Salavaux VD, août 2008. Pascal Rapin Bécasseau tacheté adulte, Salavaux VD, juillet 2008. Pascal Rapin Ce site prestigieux est malheureusement victime d’une menace nouvelle, le kite-surfing. En effet, les voiles hautes filant à grande vitesse effraient les oiseaux, qui quittent la baie souvent de manière définitive. Ce loisir se pratique dans les zones peu profondes où se forment les vagues, à proximité directe des vasières recherchées par les limicoles. Un arrêté du Tribunal administratif interdisant cette pratique dans la zone OROEM, où la protection des oiseaux est un objectif prioritaire, a été suspendu par un recours. La courte période de tranquillité pendant cet été a permis de mettre en évidence à quel point ces engins dérangent les oiseaux. Espérons que l’on pourra bientôt rendre la tranquillité aux limicoles, dont les sites d’escale sont si rares chez nous… Le kite-surfing menace gravement la tranquillité des oiseaux migrateurs en escale. Septembre 2008. L. Maumary |
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