Dès mi-novembre 2008, date du recensement international, 3 Plongeons imbrins ont été signalés sur les lacs suisses, le 1er au lac de Constance, le 2e au lac de Neuchâtel et le 3e au lac de Joux, 1ère donnée pour la Vallée de Joux et la plus élevée dans le Jura. Cet oiseau découvert par Yves Menétrey est resté au moins 2 semaines dans la région du Rocheray. Pour le moment aucun Imbrin n’a été signalé sur le Léman…à vos jumelles ! Rarissime jusqu’à la fin des années 70, l’Imbrin est devenu à la fin du siècle un hôte d’hiver presque régulier sur les lacs Léman et de Constance, quoiqu’en très petit nombre. Compte tenu de la difficulté d’identification, cette évolution est sans doute liée à l’augmentation du nombre d’observateurs et à l’amélioration de la qualité des instruments optiques, le statut de cette espèce n’ayant probablement guère changé. Cependant, il est possible que l’augmentation dans les grands lacs suisses de l’Ecrevisse américaine Orconectes limosus, dont il est friand, soit à l’origine du nombre accru de séjours prolongés. Le Plongeon imbrin ne niche en Europe qu’en Islande avec une population de 300 couples. Quelques nidifications ou indices de nidification ont occasionnellement été constatés au Spitzberg, à l’île aux Ours, à Jan Mayen et en Ecosse BWPC. Le Groenland héberge entre 200 et 2'000 couples BEU2, EBCC. Les sites de reproduction principaux se trouvent en Alaska, au Canada et au nord des Etats-Unis, avec un effectif total de 575'000 individus 16. En Europe, l’espèce hiverne principalement sur les côtes britanniques et françaises de l’Atlantique et de la mer du Nord, ainsi qu’en plus petit nombre sur les côtes norvégiennes, danoises et ibériques BWP. Les schémas de migration sont mal connus en raison d’une absence de reprise d’oiseau bagué, mais il est probable qu’une partie des oiseaux observés sur les côtes européennes proviennent d’Islande et du Groenland, voire du Canada. En Suisse, 88 données sont connues entre 1980 et 2003, principalement des lacs de Constance (28), Léman (21), de Neuchâtel (10), de Sempach LU (9) et de Zurich (8). L’Imbrin peut aussi être observé sur des fleuves, des retenues et des petits cours d’eau. Seules des données isolées ou anciennes proviennent du Jura, des Alpes ou du Tessin. Les premiers oiseaux arrivent en général mi-novembre, mais la grande majorité des observations ont lieu entre décembre et février. Celles-ci concernent probablement des hivernants, comme ils ont été attestés principalement sur les lacs Léman, de Constance et de Bienne. Les tempêtes d’ouest amènent parfois des oiseaux égarés, à l’instar de l’ouragan « Lothar » qui en déporta 6 jusqu’en Suisse les 26 et 28 décembre 1999. Il s’agit le plus souvent de jeunes inexpérimentés dans leur 1er hiver. Le Plongeon imbrin est presque toujours vu isolément, exceptionnellement par groupe de 2 voire 3 individus. Il pêche généralement à moins de 500 m de la côte, souvent très mobile le long d’un secteur de rive. Il plonge généralement pendant 1 min (jusqu’à 2 min ou plus) à 4-10 m sous la surface, mais des oiseaux se sont pris dans des filets de pêche jusqu’à 70 m de profondeur! Il se nourrit principalement de poissons mesurant jusqu’à 28 cm, mais il ne dédaigne pas les proies de petite taille : un Gardon Rutilus rutilus de 10 cm a été retiré du gosier d’un jeune abattu en décembre 1929 sur le lac des Brenets NE/F à 750 m. En Suisse, les écrevisses composent probablement une grande partie de son régime alimentaire. Il s’approche volontiers du bord et se montre souvent relativement peu farouche vis-à-vis des hommes sur le rivage. |
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