Individu de novembre 2006 à Genève Le 29 novembre 2008, un Bécasseau violet a été découvert avec 2 Tournepierres à collier au sud de Kesswil (TG), au bord du lac de Constance. Il s’agissait de la 6e donnée suisse qui, contre toute attente pour une espèce aussi rare, allait être suivie de deux autres observations en Suisse allemande : du 13 au 15 décembre à Schmerikon (lac de Zürich) et les 24/25 décembre à Romanshorn (lac de Constance). S’agissait-il de 2 ou 3 individus ? Toujours est-il qu’il semble bien s’agir d’un afflux tout à fait inhabituel, qui aurait aussi pu amener des oiseaux vers les lacs romands… Le Bécasseau violet niche de l’Ecosse à travers la Scandinavie et les côtes sibériennes jusqu’à la péninsule de Taïmyr, ainsi qu’en Islande, au Groenland, au Spitzberg, sur la Terre François-Joseph, en Nouvelle-Zemble et à Severnaya Zemlya (Russie) ; il niche également en Amérique du Nord dans les Territoires du Nord-Ouest canadien. Avec respectivement environ 10'000 et 5'000-10'000 couples, l’Islande et la Norvège se partagent 75 % de la population européenne. Les oiseaux de Scandinavie et de Sibérie hivernent sur les côtes du nord au sud-ouest de l’Europe, de la péninsule de Kola (Russie) au nord du Portugal. La population d’Islande se contente de rallier les côtes de l’île après la saison de reproduction, où elle rejoint des hivernants provenant du Groenland et de la Terre de Baffin (Canada). En Suisse, l’espèce est apparue 8 fois, dont 2 au XIXe siècle. Le Bécasseau violet ne traverse qu’accidentellement le continent européen. Les 7 données d’automne en Suisse se situent entre le 3 novembre et le 25 décembre. L’espèce est également apparue au printemps, en mars et avril. Les hivernants arrivent sur les côtes de la mer du Nord en octobre-novembre et repartent vers le nord en avril-mai, arrivant sur les terrains de nidification sibériens entre mi-mai et mi-juin. Nichant dans la toundra rocailleuse des montagnes arctiques à la limite des neiges éternelles et de la banquise, le Bécasseau violet est inféodé aux rivages maritimes hors de la période de reproduction. En migration et en hivernage, il fréquente les côtes rocheuses, les enrochements des ports, les digues et môles enrochés et bétonnés. A Genève, à Yverdon VD et au lac de Constance, les oiseaux ont été observés sur des digues bétonnées s’avançant dans le lac. Etrangement, les 4 individus des 25-26 avril 1972 se tenaient au bord de flaques dans des ornières laissées par des chars sur la place d’armes de la Thuner Allmend BE en compagnie d’un Tournepierre à collier, une espèce avec laquelle le Bécasseau violet se mêle souvent en hiver sur les côtes ; de fortes tempêtes au-dessus de l’Atlantique peu de temps avant cette observation pourraient avoir déporté ces oiseaux à l’intérieur du continent. Principalement diurne, le Bécasseau violet se nourrit d’invertébrés picorés à vue sur les rochers, plus rarement par sondage tactile. L’espèce est grégaire, formant de petits groupes de quelques dizaines d’individus sur les côtes. |
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