Le 13 février 2009, un sizerin est recueilli après un choc contre une vitre à Moudon VD, apporté à la SPA de Ste-Catherine à Lausanne, d’où il est transféré le lendemain à la Vaux-Lierre à Etoy VD. Son œil droit a subi un gros hématome. Il se rétablit bien et peut être relâché le 26.2 à Etoy, non sans avoir été mesuré, bagué et photographié. Il s’agit d’une femelle adulte de Sizerin flammé de la sous-espèce nordique, Carduelis flammea flammea. Elle se perche immédiatement dans un bouleau, où elle se repose quelques minutes avant de commencer à décortiquer les chatons. Les mensurations de cet oiseau excluent la sous-espèce alpine, le Sizerin cabaret, que l’on trouve aussi bien dans le Jura que dans les Alpes. La sous-espèce nominale (Sizerin flammé) niche à travers la ceinture circumpolaire de taïga et de forêts boréales du nord de l’Eurasie, de la Norvège au Kamtchatka et à la péninsule des Tchouktches, ainsi qu’en Amérique du Nord de l’Alaska à Terre-Neuve (Canada), remplacée par C. f. rostrata en Islande, dans le sud du Groenland et sur la Terre de Baffin, et par C. f. cabaret (Sizerin cabaret) sur les îles Britanniques, dans les Alpes, le Jura, les Vosges et les montagnes d’Allemagne, de République Tchèque, de Pologne (Sudètes), de Roumanie (Carpates) et de Bulgarie : le Sizerin cabaret s’est étendu en Europe centrale depuis les années 40, pour colonisé les côtes de la mer du Nord du nord de la France au Danemark, du sud de la Suède et de la Norvège. Les Sizerins flammé et cabaret sont considérés par certains auteurs comme deux espèces distinctes, sur la base d’une nidification en sympatrie sans croisement ; aucune différence génétique n’a pourtant pu être mise en évidence. La Fennoscandie héberge la totalité de la population européenne du Sizerin flammé, tandis que la Grande-Bretagne abrite près de la moitié de la population du Sizerin cabaret avec 170'000 couples ; la Suisse est le 6e pays le plus peuplé par le Sizerin cabaret. Les populations les plus nordiques (Sizerins flammé et cabaret) sont migratrices à courte distance, atteignant en nombre variable l’Europe centrale et occidentale en hiver, avec des afflux en cas de forte densité de population combinée à un manque de nourriture, alors que celles d’Europe centrale et des îles Britanniques (Sizerin cabaret) sont plutôt sédentaires, bien qu’elles puissent aussi entreprendre des déplacements de plus de 1'000 km pour atteindre l’Europe centrale, la France et l’Espagne après une bonne reproduction combinée à une très mauvaise fructification des arbres qui le nourrissent. En Suisse, le Sizerin cabaret niche principalement entre 1'600 et 2'100 m d’altitude dans les Alpes, où sa limite supérieure se situe vers 2'300-2'400 m dans les Alpes internes, descendant localement jusque vers 1'200 m. Dans le Jura, qu’il a colonisé surtout dès les années 70, il se cantonne à 1'000-1'520 m dans le Jura vaudois (vallée de Joux et du Mont-Tendre à la Dôle, Ste-Croix) et dans les montagnes neuchâteloises (Les Ponts-de-Martel, La Sagne et région de La Chaux-de-Fonds) et irrégulièrement au Chasseral BE vers 1'600 m. Du côté français, il a niché au Crêt-de-la-Neige 1'720 m, au lac de Bellefontaine, à Chapelle-des-Bois, dans la forêt du Risoux et au lac des Rousses 1'060-1'220 m, ainsi qu’au lac de Remoray, à Bonnevaux F et à Frasne F 830-850 m. Dès 1968-70, une colonisation s’est également amorcée dans la plaine du Rhône valaisanne entre 450 et 640 m d’altitude, d’abord dans les vergers et jardins de Sion, puis de là jusqu’à Fully et Martigny ainsi qu’à Sierre et Rarogne. Le Sizerin cabaret franchit régulièrement les Alpes en migration, mais il est essentiellement sédentaire et se contente généralement de mouvements altitudinaux. Les hivernants sont observés chaque année en nombre fluctuant sur les aulnes Alnus sp. et les bouleaux Betula sp. de plaine aux abords des Alpes et dans la plaine du Rhône. La présence du Sizerin flammé nordique en Suisse n’a été certifiée qu’à quatre reprises, dont une donnée du XIXe siècle. Il existe en outre de nombreuses observations, notamment au bord du lac de Constance où cette sous-espèce est considérée comme annuelle, mais ces données ne peuvent être prises en considération en raison de la difficulté d’identification. Les familles se regroupent et vagabondent dès le mois de juillet et jusqu’en septembre, des vols comptant jusqu’à 100 individus et plus étant alors souvent observés jusqu’à l’étage nival à la recherche de graminées. Le Sizerin cabaret apparaît irrégulièrement dès la dernière décade de septembre en plaine, régulièrement dès la seconde moitié d’octobre jusqu’à fin mars/début avril. Au col de Bretolet VS, de forts mouvements sont notés entre juillet et mi-septembre, avec un pic dans la seconde moitié d’août. Puis le nombre de capture diminue avant de remonter certaines années pour atteindre un pic fin octobre/début novembre 30, indiquant une migration à caractère d’invasion. Le Sizerin peut changer de quartier d’hiver d’une année à l’autre et se déplacer au cours d’un même hiver. L’arrivée sur les sites de nidification intervient en mars et se prolonge jusqu’à mi-mai, lorsque les derniers oiseaux sont encore observés en plaine. Des invasions de Sizerins cabarets se produisent certaines années, exceptionnellement aussi de Sizerins flammés nordiques comme en 1965/66, 1972/73 et 1986/87. Les trois données certaines concernant des Sizerins flammés nordiques au XXe siècle en Suisse datent de tels hivers à invasions, soit en 1965/66 (1 donnée) et 1972/73 (2). Il est vraisemblable que les observations d’oiseaux pâles effectuées lors d’hivers d’invasions concernent des Sizerins flammés nordiques, comme en 1972/73, lorsque le plus fort afflux s’est probablement produit en Suisse. On ne sais pas dans quelle mesure ces oiseaux atteignent notre pays aussi hors des années d’afflux. |
A propos de Lionel Maumary |