Le 23 août 2009, Olivier Jean-Petit-Matile découvre un Rollier d’Europe sur la Place d’armes de Bière. Un second sera trouvé par d’autres ornithologues pendant la journée. Les deux oiseaux seront observés jusqu’au 25 août au moins, chassant les insectes dans la zone militaire. Cette observation est d’autant plus exceptionnelle que l’espèce est extrêmement rare dans notre pays en migration d’automne. Le Rollier niche à travers le sud de l’Eurasie et au Maghreb, dans les zones climatiques méditerranéenne, tempérée et steppique. L’espèce hiverne principalement en Afrique subéquatoriale, surtout dans la savane d’acacias d’Afrique orientale, dans une moindre mesure dans la ceinture sahélienne. En Suisse, c’est un migrateur irrégulier sur le Plateau, au Tessin, en Valais, exceptionnellement aussi dans le Jura et les Alpes (surtout en Engadine GR). Une nidification a eu lieu sur la frontière entre Meyrin GE et St-Genis F en 1896. Avec seulement une dizaine d’observations entre début août et début octobre, le Rollier n’a que rarement été vu en migration postnuptiale, presque pas entre 1950 et 2003. Au printemps, les premiers migrateurs arrivent exceptionnellement dans la dernière décade d’avril, le passage culminant fin mai/début juin pour se terminer en juillet. Les données phénologiques suggèrent que les migrateurs parcourent les quelque 10'000 km séparant l’Europe de l’Afrique centrale à une vitesse moyenne de 67 km/jour en automne et de 110 km/jour au printemps. Après une phase d’expansion favorisée par un réchauffement climatique en Europe au début du XIXe siècle (il nichait alors régulièrement en Alsace F, dans le Bade-Wurtemberg D et en Bavière D), les effectifs du Rollier n’ont cessé de décliner; à partir de 1950, on assiste même à un effondrement de la population en Europe, accompagné d’un rétrécissement de l’aire de nidification, dont la limite a été repoussée de plusieurs centaines de kilomètres vers l’est. Le déclin de l’espèce en Europe est directement lié à l’élimination des gros insectes consécutive entre autres à l’emploi des pesticides pour l’agriculture intensive (DDT notamment), ainsi qu’à l’élimination des vieux arbres à cavités, indispensables à la nidification. La conversion des prairies en cultures de maïs est également l’une des causes principales de cette évolution dramatique. De nombreux migrateurs sont tirés dans la péninsule Arabique et dans la région méditerranéenne : des centaines, voire des milliers de Rolliers sont tués chaque année à Oman. Dans le sud-ouest de l’Espagne et le sud de la France, le nombre de couples nicheurs a augmenté suite à la pose de nichoirs. |
A propos de Lionel Maumary |