Depuis le 22 décembre 2010, une troupe de 23 Bernaches nonnettes séjourne au bord du Rhin à Pratteln (Bâle campagne). C'est un évènement tout à fait exceptionnel pour cette espèce nordique dont les données d'oiseaux sauvages se comptent sur les doigts de la main en Suisse. La Bernache nonnette niche dans trois zones distinctes au Groenland, au Spitzberg et en Nouvelle-Zemble, les deux premières hivernant en Grande Bretagne et la dernière aux Pays-Bas (Cramp & Simmons 1986). Depuis 1975, une petite population s’est établie sur les îles de la Baltique en Suède, et des populations férales se sont également développées en Grande-Bretagne (Hagemeijer & Blair 1997). Cette espèce très grégaire ne s'égare que très rarement à l'intérieur du continent. La plupart des observations en Suisse concernent des échappés de captivité, dont un couple apparemment formé de deux femelles a même niché régulièrement - sans succès - sur l'île neuchâteloise du Fanel depuis 1987. Les Bernaches nonnettes quittent les sites de nidification en octobre et atteignent leurs quartiers d’hiver à partir du milieu de ce mois et en novembre, où elles séjournent jusqu’à mi-avril. Le seul hivernage connu en Suisse concerne 5 ind. du 6 février au 1er avril 1971 à Diessenhofen TG et sur le lac Inférieur TG/D. Toutes les observations dans la région considérée concernant des oiseaux probablement sauvages sont comprises entre le 7 octobre et le 30 avril, principalement en janvier. Grâce à la protection concédée à cette espèce, la population du Goenland est passée de 8’300 individus à 38’400 en 1994! La population du Spitzberg est quant à elle passée de 300 en 1948 à environ 13’000 à la fin des années huitante, celle de Nouvelle-Zemble s’est accrue de 20’000 en 1960 à plus de 130’000 au début des années nonante, alors que celle de la Baltique a rapidement atteint 2’000 couples en 1993 à partir de la colonisation de l’île de Gotland dès 1975. La Bernache nonnette niche dans les falaises et éboulis des côtes rocheuses arctiques et hiverne sur les pâturages côtiers. Grégaire et farouche à l’état sauvage, elle forme des groupes importants parfois mêlés à d’autres espèces, passant la journée à pâturer dans les champs et se reposant sur l’eau ou sur des îles. Des échappés de captivité très peu farouches sont parfois observés à proximité des parcs zoologiques ou des sites de nourrissage hivernal. L’authenticité des individus non bagués est souvent difficile, voire impossible à évaluer : un comportement farouche, une date d’observation comprise entre les périodes de migration d’automne et de printemps ou une apparition lors d’une vague de froid sont autant d’indices plaidant pour une origine sauvage. Les cris aigus émis dans les grands vols sont comparables à des jappements de roquets surexcités. Dans les régions où elle hiverne en grand nombre, la Bernache nonnette entre en conflit avec les agriculteurs. En Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et en Norvège, les paysans reçoivent des payements directs pour tolérer les oies dans leurs cultures. |
A propos de Lionel Maumary |