La chronique
de Lionel Maumary
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02.09.2022
Un Goéland d'Audouin en villégiature sur nos lacs -
13.06.2022
Une Bargette de Térek à l'île aux oiseaux de Préverenges -
05.12.2021
Une hécatombe d'insectivores sous le déluge en 2021 -
18.06.2021
La Fauvette passerinette des Balkans, une nouvelle espèce à Lausanne -
15.01.2021
Retour de l'Harelde qui se prend pour un Morillon -
07.06.2020
Première nidification lémanique de l'Eider à duvet -
31.05.2020
La première nichée lémanique d'Eider à duvet en sursis -
04.05.2020
La migration bat son plein à l'île aux oiseaux de Préverenges -
13.03.2020
Un Pygargue à queue blanche a survolé les rives du Léman -
02.01.2019
Un nouveau biotope pour les bécassines à Lausanne-Vennes -
31.12.2018
Record de longévité pour le Tournepierre d'Excenevex F -
04.03.2017
La gravière de Colliare fait peau neuve pour les guêpiers -
24.02.2017
Quatre Bécassines sourdes ont hiverné en ville de Lausanne -
09.11.2016
L'Aigle criard suivi sur la Riviera vaudoise retrouvé en Isère! -
25.10.2016
Retour en force des Pouillots à grands sourcils ! -
30.07.2016
Conservation de la colonie de Martinets alpins du Château St-Maire -
30.07.2016
Reprise d'un Grand Labbe écossais de 23 ans au Spitzberg (Norvège) -
25.07.2016
Premier envol de Sternes pierregarins à Préverenges (Reportage vidéo Journal Télévisé) -
16.07.2016
Première reprise en Suisse d'une Rousserolle effarvatte anglaise -
17.06.2016
La plateforme à Sternes pierregarins de Préverenges est adoptée ! -
05.03.2016
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22.12.2015
Un Plongeon du Pacifique Gavia pacifica dans les Grisons! -
08.09.2015
Nouvelle nidification du Circaète Jean-le-Blanc en Valais -
20.08.2015
Nouvelle nidification du Grèbe à cou noir aux Grangettes -
20.08.2015
Nidification réussie du Tadorne de Belon à l'île aux oiseaux de Préverenges -
03.05.2015
Première reprise d'un Gravelot à collier interrompu en Suisse -
07.10.2014
Les Pouillots à grands sourcils ont-ils perdu le nord ? -
01.08.2014
Première tentative de nidification de la Sterne arctique en Suisse -
29.01.2014
Mortelle traversée des Alpes d'une Grande Aigrette -
18.12.2013
Des Beccroisés bifasciés et perroquets aux portes de la Suisse ! -
30.10.2013
Un Pouillot à grands sourcils en pleine ville de Lausanne ! -
02.10.2013
Les Pouillots à grands sourcils sont parmi nous ! -
07.08.2013
Premières nidifications lémaniques du Grèbe à cou noir -
30.05.2013
Un Chevalier grivelé sur l'île aux oiseaux de Préverenges ! -
20.02.2013
Un nouveau couple de Gypaètes barbus reproducteurs en Haut-Valais! -
29.01.2013
Le Goéland à ailes blanches: une nouvelle espèce pour la Suisse! -
11.11.2012
L'Aigle criard estonien «Tore» va-t-il traverser la Suisse ? -
10.06.2012
Nidifications rares sur l'île aux oiseaux de Préverenges -
09.09.2011
Faucon d'Eléonore: nouvelle espèce pour la Suisse! -
10.11.2010
Déferlante de Mésanges à longue queue à tête blanche -
09.11.2010
Invasion sans précédent de Mésanges bleues en Suisse -
11.02.2010
Doù viennent les Mésanges à longue queue à tête blanche ? -
19.08.2009
La migration des Cigognes blanches bat son plein ! -
01.07.2009
Le Gobemouche à demi-collier Ficedula semitorquata:
une nouvelle espèce pour la Suisse ! -
13.05.2009
Une Glaréole à collier à lembouchure de lAubonne -
19.04.2009
Des Plongeons catmarins stationnent à Préverenges -
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Un Sizerin flammé nordique soigné et relâché à la Vaux-Lierre -
25.01.2009
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13.10.2008
Le miracle des bancs de sable de Salavaux et Yverdon -
21.04.2008
La suppression de la bande centrale épargnera des vies -
11.04.2008
Lhiver des canards marins joue les prolongations
Mystérieuse Bécassine sourde
Lionel maumary, Oiseaux.ch, 08.04.2013Réussir à déjouer les ruses dune Bécassine sourde est lun des défis les plus gratifiants de lornithologue de terrain, car elle est alors si proche quon peut la voir respirer... Mais bien que sa présence puisse être trahie par ses fientes ou par les trous que son bec laisse dans la vase, elle reste le plus souvent invisible. un comportent unique qui rend sa quête exaltante: elle ne s'enfuit généralement quà moins dun mètre de lobservateur, et il nest pas rare quelle ne se lève quau moment de se faire piétiner! S'envolant sans cri, elle parcourt généralement quelques dizaines de mètres en ligne droite, sans sélever dans le ciel, puis se repose et disparaît immédiatement dans la végétation. Si lobservateur cesse de la suivre, elle reprendra confiance après un certain temps, se redressant sur ses pattes et balançant sans cesse son corps de manière caractéristique. En vol, la Bécassine sourde se distingue des autres bécassines par sa petite taille, sa queue pointue sans bords blancs et son bec plus court de moitié que celui de la Bécassine des marais. Posée, ses caractères diagnostiques sont le bec bicolore, le double sourcil et les larges bandes jaunes alternant avec le sombre aux reflets verts à pourpres, suivant léclairage, du manteau.
Observer le mouvement de machine à coudre avec fléchissement des pattes de la Bécassine sourde sur ce film:
La Bécassine sourde niche dans les marécages boisés de la taïga, de la Scandinavie à la Sibérie orientale. Avec environ 12'000 couples, la Finlande héberge 70 % de la population européenne. Lespèce hiverne de la Grande Bretagne à l'Afrique tropicale et à l'Asie du Sud-Est. En Suisse, des migrateurs sont régulièrement observés dans la Grande Cariçaie, sur la rive sud du lac de Neuchâtel. Dautres sites plus restreints accueillent régulièrement des oiseaux de passage et des hivernants: le marais de Sionnet GE, la zone industrielle de Villeneuve VD, celle dAclens/Vufflens-la-Ville VD, la tourbière des rigoles de Vionnaz VS dans la basse plaine du Rhône, le Verney à Martigny VS, les marais de Damphreux JU ou le Thuner Allmend de Thun BE.
La Bécassine sourde sobserve chez nous principalement de mi-septembre à fin avril: en migration postnuptiale, le transit culmine de mi-octobre à fin novembre, quelques individus sattardant jusquen décembre et disparaissant généralement avec le gel. Seuls six hivernages complets sont connus dans les années nonante. La migration de printemps culmine entre mi-mars et mi-avril, quelques retardataires étant encore observés dans la première décade de mai. La Bécassine sourde est le plus souvent solitaire, mais de petits groupes comptant jusquà cinq individus peuvent occasionnellement être observés en migration. Un maximum de 15 individus a été observé le 17 octobre 1975 à Chavornay VD (D. Glayre). Lespèce a été capturée en automne aux cols de Bretolet sur Champéry VS 1923 m et de Jaman sur Montreux VD 1560 m.
En Europe, les effectifs de Bécassine sourde ont fortement régressé au XIXe et XXe siècle et la diminution des effectifs dans plusieurs zones dhivernage importantes suggère que le déclin continue. Malgré d'importantes fluctuations annuelles sur les sites de reproduction, aucune évolution à long terme n'a pu être mise en évidence au niveau national, mais un recul sensible a été constaté sur les rives du lac de Constance : de 1961 à 1980, on recensait chaque année en moyenne 9 observations de 14 individus, contre seulement 4 données de 5 oiseaux pour la période de 1981 à 1995. Passant souvent inaperçue, la Bécassine sourde reste peu fréquente en Suisse, les milieux susceptibles de laccueillir devenant de plus en plus rares.
En migration, la Bécassine sourde se pose dans les marais, sur les rivages, les vasières, au bord des étangs, des gravières, des canaux ou dans des tourbières, des champs, des terrains vagues ou dexercice militaire plus ou moins inondés. Il sagit le plus souvent de milieux très ouverts et recouverts dune végétation herbacée, en terrain plus sec que la Bécassine des marais, mais suffisamment meuble pour accéder aux larves d'insectes et vers enfouis dont elle se nourrit. Elle sarrête plus rarement en montagne, dans la lande à rhododendrons jusque vers 2000 m daltitude, les plus hautes observations provenant de la combe de lA VS 2083 m le 2 octobre 1994 et du Pas de Lona VS 2700 m le 16 septembre 1997. En hiver, elle affectionne particulièrement les friches et prairies humides parsemées de petits saules, généralement près dun plan deau non gelé en permanence, dun canal ou dune rivière où elle se replie pendant les jours de grand froid ou denneigement prolongé. Elle montre une prédilection pour les sites parsemés de touffes de joncs (notamment le Jonc articulé Juncus articulatus) et de roseaux, qui lui permettent un camouflage parfait. Très casanière, elle se cantonne dans une zone de quelques mètres carrés où on peut la retrouver jour après jour. La Bécassine sourde est généralement silencieuse à lenvol, proférant tout au plus un grognement énervé.
En zone agricole, les milieux humides non drainés et peu entretenus se raréfient continuellement. Les sites favorables se trouvant dans des zones classées industrielles disparaissent inexorablement avec les nouvelles constructions. Toutefois, le maintien de portions de terrain vague en périphérie des surfaces bâties offrirait des possibilités de repos pour la Bécassine sourde. Une gouille temporaire de quelques mètres carrés entourée dune végétation herbacée peut suffire pour permettre son escale prolongées, voire son hivernage. Malheureusement, ces micro biotopes sont le plus souvent drainés, nivelés ou débroussaillés, noffrant plus le couvert indispensable à la petite reine du camouflage. Les chiens non tenus en laisse provoquent également des dérangements constants dans certains sites dhivernage, notamment à Sionnet GE.