Oiseaux.ch

Le portail de référence des oiseaux sauvages en Suisse

Observation, étude, protection et photographie des oiseaux sauvages

La chronique
de Lionel Maumary

Almanach des migrations

Une Rousserolle des buissons dans le Doubs

Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 26.06.2022

Le 11 juin 2022, Dominique Michelat découvre un mâle chanteur de Rousserolle des buissons Acrocephalus dumetorum à quelques pas de son domicile, à Sainte-Colombe (Doubs, France). Il s'agit de la 15e donnée pour la France (première mention en 1984), la 2e d'un chanteur après celle du 11 juin 2014 en Meurthe-et-Moselle (Lorraine). Très peu farouche, elle a enchanté les jours suivants de nombreux observateurs venus de toute la France ainsi que de Suisse voisine. C'est en effet un régal pour les oreilles de l'entendre chanter, mêlant des imitations parfaites d'autres oiseaux à ses propres vocalises tranquillement rythmées, dès 2 h du matin avec des rappels jusque vers 10h.


illustration

Photo: Rousserolle des buissons Acrocephalus dumetorum, Sainte-Colombe (Doubs F), 18 juin 2022. L. Maumary.
 
La Rousserolle des buissons niche de la côte est de la mer Baltique à travers la Russie jusqu'au lac Baïkal, au sud jusqu'au pied du Kopet Dag (Iran/Turkménistan) et du Tian shan en Asie centrale. Avec plus de 5'000-8'000 couples, la Finlande héberge la moitié de la population européenne. Les quartiers d'hiver se situent dans le subcontinent Indien, du Pakistan à la Birmanie et au Sri Lanka. En Europe occidentale, cette espèce nichant surtout en Russie apparaît généralement en octobre-novembre sur les côtes de la Mer du Nord et de l'Atlantique.
 
L'espèce n'est apparue que 3 fois en Suisse, le 10 juin 1992 au Brunnersberg/Matzendorf SO, le 12 juin 2019 au Kaltbrunnerriet SG, les 28-29 juin à Uznach SG, chaque fois des mâles chanteurs. La donnée d'un oiseau capturé le 12 septembre 1995 au col de Jaman VDAVD n'a jamais été soumise à homologation et n'est pas à considérer comme mention suisse. Dans les pays limitrophes on connaît les données suivantes: 12 en Allemagne (jusqu'en 1999), 8 en France (jusqu'en 2003) et 2 en Italie (jusqu'en 2002); l'espèce n'a jamais été observée en Autriche.
 
La grande majorité des observations de Rousserolles des buissons à l'ouest de l'aire de nidification concernent des mâles chanteurs en juin/juillet ainsi que des migrateurs en septembre/octobre. En Finlande, les départs s'échelonnent entre mi-juillet et fin août. Au printemps, les nicheurs reviennent entre mi-mai et mi-juin. La donnée du 10 juin 1992 au Brunnersberg/ Matzendorf SO a fait suite à un courant d'est ayant soufflé un jour durant.
 
Dès le début du XXe siècle, la Rousserolle des buissons a commencé à étendre son aire de nidification vers l'ouest depuis la Russie, colonisant le sud et le centre de la Finlande entre la première donnée de 1934 et 1960 (première nidification en 1947). En Suède, l'espèce a été signalée pour la première fois le 15 juin 1958, puis environ 11 fois entre 1959 et 1968 et chaque année depuis 1969. La première nidification a été découverte en 1984, l'effectif actuel étant de 5-15 couples. Dès les années 60, la Rousserolle des buissons a colonisé l'Estonie (2'000-3'000 mâles chanteurs au milieu des années 90) et la Lettonie (2'000-4'000 chanteurs), mais le nombre de mâles non appariés est élevé. En Finlande, 30-40 % des mâles étaient non appariés en 1978-85. Les premières nidifications ont été enregistrées dans l'enclave russe de Kaliningrad en 1976, en Lituanie en 1983 et en Norvège en 1995. En 1998,
un mâle de Rousserolle des buissons s'est reproduit avec succès avec une femelle de Rousserolle verderolle dans la province d'Utrecht (Pays-Bas).
 
La Rousserolle des buissons habite une grande variété de milieux buissonneux comme de jeunes plantations forestières, clairières, steppes, marécages et parcs boisés ou berges de cours d'eau. Elle apprécie l'herbe drue mais évite les roselières. Solitaire et essentiellement diurne, elle se nourrit surtout d'insectes, mais aussi d'araignées et de petits gastéropodes prélevés dans les buissons et les herbes. Les cris les plus fréquents sont un «chrrr» roulé ou «tek» doux. Comparé à celui de la Verderolle, le chant est plus lent et répétitif, contenant un motif sifflé typique «si-hi-hue», régulièrement rythmé par des claquements bas «tk-tk». L'activité de chant est maximale du crépuscule à l'aube. L'espèce ne paraît actuellement
pas menacée.



pub

Almanach des migrations

A propos de Lionel Maumary