La chronique
de Lionel Maumary
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19.11.2023
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17.07.2023
Foulque espagnole à l'île aux oiseaux de Préverenges -
16.07.2023
Première observation printanière d'une Mouette de Sabine en Suisse -
15.07.2023
Une Mouette de Franklin à Klingnau (Argovie, Suisse) -
02.09.2022
Un Goéland d'Audouin en villégiature sur nos lacs -
13.06.2022
Une Bargette de Térek à l'île aux oiseaux de Préverenges -
05.12.2021
Une hécatombe d'insectivores sous le déluge en 2021 -
18.06.2021
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15.01.2021
Retour de l'Harelde qui se prend pour un Morillon -
07.06.2020
Première nidification lémanique de l'Eider à duvet -
31.05.2020
La première nichée lémanique d'Eider à duvet en sursis -
04.05.2020
La migration bat son plein à l'île aux oiseaux de Préverenges -
13.03.2020
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02.01.2019
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31.12.2018
Record de longévité pour le Tournepierre d'Excenevex F -
04.03.2017
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24.02.2017
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09.11.2016
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25.10.2016
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30.07.2016
Conservation de la colonie de Martinets alpins du Château St-Maire -
30.07.2016
Reprise d'un Grand Labbe écossais de 23 ans au Spitzberg (Norvège) -
25.07.2016
Premier envol de Sternes pierregarins à Préverenges (Reportage vidéo Journal Télévisé) -
16.07.2016
Première reprise en Suisse d'une Rousserolle effarvatte anglaise -
17.06.2016
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05.03.2016
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22.12.2015
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08.09.2015
Nouvelle nidification du Circaète Jean-le-Blanc en Valais -
20.08.2015
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20.08.2015
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03.05.2015
Première reprise d'un Gravelot à collier interrompu en Suisse -
07.10.2014
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01.08.2014
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29.01.2014
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30.10.2013
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02.10.2013
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07.08.2013
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20.02.2013
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29.01.2013
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10.06.2012
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19.08.2009
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01.07.2009
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19.04.2009
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Le miracle des bancs de sable de Salavaux et Yverdon -
21.04.2008
La suppression de la bande centrale épargnera des vies -
11.04.2008
Lhiver des canards marins joue les prolongations
Invasion de Pinsons du Nord
Lionel Maumary, Oiseaux.ch, 16.01.2012Photo: Léon Daucourt
Depuis le début de l'année, environ 1 million de Pinsons du Nord se rassemblent chaque soir en Ajoie JU à Vendlincourt. Ils viennent profiter de la manne offerte par les hêtres, qui ont produit un nombre impressionnant de faînes l'automne passé en Suisse. Les vols tournoyants tels des bancs de poissons au-dessus des dortoirs constituent un des spectacles les plus fascinants qui soient. De telles concentrations ne sont connues chez aucun autre oiseau en Suisse, un seul dortoir pouvant rassembler la quasi-totalité de la population européenne ! Issu de la taïga, ce grand voyageur accompagne souvent à son cousin des arbres pendant la migration, se trahissant en vol par son cri nasillard ou par son croupion blanc.
Le Pinson du Nord niche dans la ceinture de la taïga et de la forêt sub-boréale dEurasie, du sud de la Norvège au Kamtchatka. La Fennoscandie héberge la totalité des quelque 4'500'000 couples nicheurs en Europe (Russie non comprise). La population du Paléarctique occidental hiverne dans toute lEurope occidentale et méridionale ainsi quen Turquie et au Levant, celle du Paléarctique oriental hivernant en lAsie centrale et de la Mandchourie au centre de la Chine ainsi quau Japon. Le Pinson du Nord est un migrateur et hivernant répandu dans toute la Suisse, faisant escale dans les éteules et dans les hêtraies. Des dortoirs phénoménaux, regroupant jusquà 10'000'000 individus, se forment certains hivers aux abords du Plateau. Des concentrations plus modestes se produisent en automne sur les cols alpins, ainsi que dans les défilés jurassiens ainsi que sur les rives des grands lacs-
En automne, les premiers Pinsons du Nord apparaissent dès mi-septembre sur les cols alpins (Bretolet VS, la Croix VD, Jaman VD), le passage saffirmant début octobre, culminant dans la seconde moitié de ce mois et se terminant mi-novembre. Les mâles et les adultes migrent en moyenne plus tôt que les femelles et les jeunes. Le nombre dhivernants est très variable dune année à lautre, suivant la fructification des hêtres qui peuvent en attirer des millions. Lors des hivers à invasions, larrivée des hivernants succède à la migration dautomne normale (alors réduite et impliquant plus dadultes que de jeunes), dès novembre ou décembre, voire seulement en février. Ils se concentrent alors dans des dortoirs pouvant héberger jusquà 10'0000000 doiseaux comme de décembre 1999 à mars 2000 à Vaulruz FR 800 m, doù ils rayonnent pendant la journée pour atteindre leurs gagnages parfois situés à plus de 40 km. La migration de printemps, difficile à définir, a lieu surtout en mars et se termine en avril. Des mâles isolés peuvent encore être observés jusquà mi-mai, voire en juin. Au cours du XXe siècle, la date darrivée des premiers migrateurs sest avancée denv. deux semaines dans le nord de lEurope, conséquence probable du réchauffement climatique, ce qui se traduit par une ponte plus précoce.
A intervalle irréguliers, des invasions massives, comprenant des centaines de milliers, voire des millions dindividus, se produisent en hiver lorsque la fructification des hêtres est confinée à la Suisse et que dimportantes chutes de neige contraignent les oiseaux qui tentent dhiverner dans le nord de lEurope à fuir vers le sud. Le XXe siècle a connu 20 afflux massifs avec des concentrations de 100'000 Pinsons du Nord et plus : 1900/01, 1922/23, 1924/25, 1946/47, 1950/51, 1953/54, 1960/61, 1965/66, 1968/69, 1974/75, 1976/77, 1977/78, 1982/83, 1984/85, 1986/87, 1987/88, 1990/91, 1992/93, 1995/96, 1999/2000 (Vaulruz FR) et 2001/2002 (Ajoie JU). Lors des hivers à invasions de 1977/78 (Kernwald et Röserental) et de 1982/83 (Neuenkirch LU), la proportion dadultes était de 63-66 %, les mâles dominant nettement.
Le Pinson du Nord niche dans la taïga, où sa densité dépend de labondance des chenilles de Epirrita autumnata. Diurne et grégaire, il se nourrit en automne et en hiver de graines (faînes), baies et autres fruits prélevés au sol constituent lessentiel du régime alimentaire, les mangeoires, tas de fumier et composts étant aussi fréquentés. En automne, les Pinsons du Nord se regroupent en troupes parfois importantes pouvant compter plusieurs centaines, voire milliers dindividus dans les éteules de maïs, souvent mêlées de Pinsons des arbres, Verdiers dEurope, Linottes mélodieuses, Chardonnerets élégants, Moineaux friquets ou Bruants jaunes. Ils se nourrissent alors presque exclusivement en déambulant au sol, de préférence à proximité du couvert des arbres où ils se réfugient à la moindre alerte. Au printemps, les insectes sont parfois aussi recherchés dans le feuillage de la canopée, à linstar du Pinson des arbres. Lors des invasions, les Pinsons du nord, en groupes compacts, recherchent presque exclusivement les faînes tombées sous les hêtres. Les dortoirs, qui peuvent regrouper plusieurs millions dindividus, sont situés à proximité de hêtraies dont la fructification a été abondante pendant lautomne, et doù ils rayonnent sur plus de 40 km chaque jour à la recherche de faînes, tous ensemble ou en groupes dispersés ; ainsi les oiseaux du dortoir préalpin de Vaulruz FR atteignaient le pied du Jura vaudois. Le matin, les premiers oiseaux sélancent à laube vers une ressource abondante repérée la veille, les suivants sencolonnant derrière sur plusieurs dizaines de kilomètres ; le retour de la colonne seffectue dès la fin de laprès-midi, se prolongeant jusquaprès la tombée de la nuit. Les raids sabattent sur une région cible pendant un ou plusieurs jours, la destination se modifiant radicalement du jour au lendemain en fonction des ressources disponibles. Les dortoirs se forment généralement dans des sites abrités de la bise et de lair froid ; situé dans une des régions les plus froides du canton de Fribourg, le dortoir de Vaulruz était atypique à cet égard car très exposé aux vents et au froid, des températures de -20 °C ayant sévi pendant le séjour des pinsons. Les femelles se tiennent plutôt sur la périphérie du dortoirs et les mâles au centre ; les adultes et les jeunes se trouvent indifféremment en périphérie ou au centre, mais les adultes regagnent avant les jeunes le dortoir, au-dessus duquel les vols tournoient tels des bancs de poissons jusquà la tombée de la nuit ; les oiseaux se trouvant au centre du dortoir sont les plus lourds, et une forte compétition pour la position au sein du dortoir ont été constatées. La migration régulière dautomne seffectue de jour en groupes plus lâches, souvent à faible hauteur ; les Pinsons du Nord évitent de traverser les grands lacs. LEpervier dEurope est le principal prédateur de lespèce, aux dortoirs aussi lAutour, le Faucon pèlerin, la Buse variable et la Chouette hulotte. De nombreux oiseaux sont foudroyés dépuisement en plein vol ou se tuent contre des câbles ou des voitures lorsque la colonne traverse des routes. Le dortoir de Vaulruz FR a été frappé de plein fouet par louragan « Lothar/Martin » pendant la nuit du 27 au 28 décembre 1999, alors quil abritait la quasi-totalité de la population européenne ; au matin du 28 décembre, le sol sous le dortoir est jonché de cadavres et doiseaux blessés. La papillomatose est une maladie virale fréquente chez le Pinson du Nord, provoquant lapparition dexcroissances sur les pattes. Le cri typique est un « djuèèèk » nasillard, émis au vol ou posé ; les groupes de migrateurs lancent fréquemment des « yèp » plus durs. Le chant, très rarement entendu en Suisse, est un « rrrrrrruiih » bourdonnant et mélancolique rappelant celui du Verdier dEurope, régulièrement répété sur un rythme lent.
Quelques observations estivales ont suggéré des nidifications en Suisse, comme celle signalée en 1918 au Zurichberg, insuffisamment documentée. Lespèce a déjà niché dans les Alpes italiennes et autrichiennes, ce qui rend plausible sa nidification dans les Grisons, où plusieurs observations ont été effectuées depuis 1976 en Engadine et au val Breggaglia.